Le Soleil – Éoliennes
Commentaires de Jean-Luc Dion, ingénieur et professeur retraité de l’UQTR
12 décembre 2024
Sur l’inefficacité des turbines éoliennes et leur coût
En référence à l’article « Les éoliennes fonctionnent à 32 % de leur capacité maximale » du 5 décembre 2024.
Premièrement, la puissance de 400 MW énoncée du futur parc éolien Des Neiges dans le Secteur Charlevoix est ambiguë car la vitesse de vent correspondante n’est pas donnée. De plus, les dimensions et le nombre d’éoliennes ne sont pas précisés. Il importe aussi de distinguer entre « puissance », « énergie » et « facteur d’utilisation ».
Il est aussi convenu d’évoquer la « puissance installée » et non « l’’énergie installée ». L’énergie totale annuelle fournie par une installation de génératrices éoliennes dépend de plusieurs facteurs dont leur nombre et leurs dimensions, tout comme de la variation de la vitesse du vent au cours de cette période dont dépend le « facteur d’utilisation » : à la limite, quand il ne vente pas, l’énergie produite est nulle…
Selon une formule rigoureuse déduite des lois de la physique, une turbine éolienne qui aurait *un grand nombre de pales* ne pourrait convertir en puissance mécanique plus de 59% de la puissance du vent (la limite de Betz), une limite impossible à atteindre. Or, celles construites n’ont que trois pales.
D’autre part, les trois pales des hélices ou rotors de ces machines gigantesques sont relativement très fines, avec une surface totale bien inférieure à 10% de celle du rotor. De plus, comme la vitesse de rotation est très faible, de l’ordre de 20 tours à la minute (3 secondes par tour), il s’ensuit que la plus grande partie du vent qui traverse le rotor n’agit pas sur les pales et ne transfère donc pas son énergie. Par conséquent, en supposant une surface d’action du vent de 10% de celle du rotor, la puissance électrique produite, environ 95% de l’énergie mécanique produite par le rotor, ne devrait guère en principe dépasser « 5% » de la puissance du vent ! Pourquoi aussi sont-elles tellement grandes, avec des diamètres de plus de 100 m ? Tout simplement parce qu’elles sont extrêmement lourdes et qu’il est mécaniquement impossible d’en installer plus de trois pour avoir quand même une puissance acceptable…
On doit donc s’interroger très sérieusement sur la signification des 400 mégawatts mentionnés. Tout comme sur les achats croissants d’énergie éolienne de ces entreprises par Hydro-Québec, depuis près de 25 ans, à des tarifs allant jusqu’à 0,15$ le kilowattheure... Jusqu’à récemment les éoliennes étaient presque totalement inutiles vu qu’on avait de gros surplus d’énergie électrique, disparus vers 2016. Et cela conduit à une privatisation importante de Hydro-Québec qui n’est certainement pas souhaitable.
On est loin du rapport de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec qui concluait en 2014 qu’il fallait suspendre les investissements dans La Romaine et dans l’éolien… Dans Le Devoir du 6 août 2014 on pouvait lire que :« Selon Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie, les gouvernements successifs ont essentiellement misé sur l’éolien pour une question d’image. « Encore aujourd’hui, une éolienne est associée à quelque chose de positif dans le grand public, donc les politiciens aiment s’y associer, juge-t-il. Ça permet de dire que des emplois sont créés dans les régions. »
Pourquoi nos surplus d’électricité ont-ils disparu aussi rapidement ? Une des principales raisons en est la prolifération des *centres de données*, surtout étatsuniens, auxquels notre Hydro a consenti de généreux tarifs pour d’énormes besoins. Dans le JdeM du 21 mars 2022 on pouvait lire : « Le Québec est une contrée fertile pour les centres de données, qui ont poussé à vitesse grand V depuis 2015. Aujourd’hui, on en retrouve 54 à travers notre territoire, comparativement à 39 en 2019. Et plusieurs projets ont déjà obtenu le feu vert…» Et il y en a plus de 60 en 2024… Et nous allons très probablement y contribuer comme citoyens par des augmentations de tarif prévisibles.
Finalement, cette prolifération de turbines éoliennes coûteuses et inefficaces un peu partout sur notre territoire, en plus d’avoir des effets néfastes sur des milieux naturels fragiles, ne pourra pas régler le problème fondamental de la consommation terriblement excessive et sans cesse croissante d’énergie sous toutes ses formes. Or, on sait qu’une des cause principales est le nombre sans bon sens de véhicules individuels sur les routes du monde entier, alors qu’on refuse de se donner des transports collectifs vraiment efficaces et rapides…
Pr Jean-Luc Dion, ing. (retraité)
Département de Génie électrique et Génie informatique
Université du Québec à Trois-Rivières
· Projet éolien Des Neiges – Secteur Charlevoix à Baie-Saint-Paul et à Saint-Urbain (BAPE)
· https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/production-denergie-dans-le-monde
· https://climat.cned.fr/formations/causes-et-attenuation/
Ce qu'il faudrait faire pour éviter la catastrophe,
mais qu'aucun gouvernement n'osera faire, hélas !
VERS UNE CATASTROPHE PLANÉTAIRE INÉVITABLE S’IL N’Y A PAS UNE DÉCROISSANCE RAPIDE
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