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mercredi 21 décembre 2022

LES CHANTIERS DE L’AVENIR

LES CHANTIERS DE L’AVENIR

Un projet pour ouvrir l’esprit, régénérer nos forêts
Et donner de l’espoir aux jeunes québécois
De toutes conditions et de toutes origines

Jean-Luc DION
Professeur et ingénieur retraité - UQTR

Les éléments de base de ce projet avaient été présentés par l’auteur à la Commission Mauricie – Bois-Francs sur l’avenir du Québec, à Louiseville, en février 1995…

Publié dans L'ACTION NATIONALE
Oct., nov. 2022  -  vol. 112, numéros 8 et 9

20 septembre 2022 

INTRODUCTION

    Sans projets structurants pour l’avenir qui suscite un grand intérêt pour la majorité des Québécois, des projets qui pourront donner des résultats vraiment significatifs, il est peu probable que la population soit sérieusement convaincue de la nécessité de l’indépendance. C’est ce qu’on peut dégager de la faiblesse des appuis manifestée dans les sondages depuis une vingtaine d’années.

    Or, la réalisation du projet ici décrit pourrait permettre d’atteindre simultanément au moins deux objectifs marquants :

Ø  Réunir dans une activité stimulante et productive des jeunes de tous les milieux, particulièrement ceux de nos grandes villes qui sont sous-scolarisés, désœuvrés, désorientés, qui pourront prendre conscience de leurs possibilités en faisant un travail productif, tout en découvrant les vastes ressources du Québec et créant des liens avec des compatriotes de toutes les régions.

Ø  Donner naissance à une véritable régénération et appropriation de nos forêts dans toutes les régions du Québec dont pourront bénéficier nos descendants.

CONSTATATIONS

Ø  Nos forêts sont largement devenues improductives et délabrées par la surexploitation qu’on en fait depuis des décennies, sinon des siècles. Les affreuses « coupes à blanc » plus récemment, et surtout l’absence de véritables pratiques sylvicoles à grande échelle dont ne se soucient pas les exploitant actuels qui veulent toujours plus d’ouverture vers les territoires protégés, afin de raser de nouvelles forêts. On ne trouve pratiquement plus de beaux arbres dont la taille permette une exploitation rentable à long terme. Des espèces comme le pin rouge et le chêne blanc sont pratiquement disparues et ne peuvent plus être vraiment utilisées.

Ø  En beaucoup d'endroits, particulièrement dans les forêts de résineux, les arbres sont beaucoup trop rapprochés, parce que non cultivés, de sorte qu’ils n’ont aucune chance de grossir et grandir. Actuellement, on rase des forêts d’arbres beaucoup trop petits avec des machines monstrueuses, au lieu de faire une coupe sélective avec de petites machines qui permettrait aux arbres de grandir et d’être récoltés avantageusement et indéfiniment après quelques décennies.

Ø  La récupération des déchets de matière ligneuse en grande quantité peut être à la base d'une nouvelle industrie chimique produisant non seulement du papier, mais une foule d’autres dérivés utiles et moins polluants.

Ø  Une trop grande proportion de nos jeunes, en plus d’avoir des déficiences en culture générale, semblent avoir souvent été mal orientés au cours de leurs études secondaires. Malgré leurs efforts, les services d’orientation de nos écoles ratent parfois l’objectif essentiel : faire en sorte que les jeunes choisissent une voie dans laquelle ils pourront développer leurs talents au maximum, en étant heureux, responsables et utiles à la société. Cette proportion est considérablement plus élevée pour les jeunes provenant de milieux défavorisés. Leur a-t-on suffisamment répété qu’il est parfaitement honorable et valorisant d'être un bon menuisier, un bon mécanicien, un bon pâtissier, etc. Tous les hommes et toutes les femmes ont un talent particulier et devraient normalement trouver beaucoup de satisfaction et de bien-être dans le travail bien fait, quel qu'il soit. C'est une vérité élémentaire qui semble souvent oubliée. Trop de jeunes Québécois, par un effet d'entraînement, se sont engouffrés dans des études et des formations pour lesquelles ils n'avaient pas les aptitudes et ont accumulé les déceptions et les échecs. Pourtant, la plupart avaient certainement des talents divers qu'ils auraient dû normalement utiliser pour se forger une carrière honorable et valorisante. Ils doivent aussi avoir une chance de reprendre des études supérieures s’ils en ont le talent.

Ø  Ces adolescents ne possèdent souvent aucun entraînement à un travail quelconque et n’ont qu’une vague idée des exigences d’un milieu de travail moderne. Leur avenir est bloqué à toutes fins pratique. Il est scandaleux de laisser tant de talents se gaspiller depuis si longtemps. L'oisiveté détruit l'homme, c'est bien connu. Les conséquences de ces échecs sont indiscutablement néfastes pour la nation. Sans parler de l’influence anglo-américaine délétère dans divers domaines qui influencent la jeune génération, particulièrement sur les réseaux sociaux…

Ø  Les jeunes Québécois connaissent généralement mal les diverses régions du Québec et les ressources inouïes de notre territoire. De plus, ces jeunes ont trop rarement l’occasion de se rencontrer et d’échanger leurs idées, particulièrement avec ceux des peuples autochtones.

Ø  Les milliards de dollars consacrés annuellement à l'assurance chômage et à la sécurité sociale sont souvent improductifs, et ont parfois des effets pervers sur certaines personnes aptes au travail.

NATURE DU PROJET

    Il s’agit de l’organisation de chantiers forestiers de sylviculture intensive dans nos forêts publiques, du printemps à l’automne, particulièrement mais non exclusivement, pour les jeunes chômeurs, chômeuses et assistés sociaux des grandes villes, leur permettant d’acquérir une formation au travail tout en découvrant notre magnifique territoire et une nature qu’ils ignoraient, en contribuant à réparer les dégâts d’une imprévoyance séculaire en ce qui concerne nos forêts publiques. La participation de jeunes Autochtones facilitera certainement cette découverte et les relations fraternelles. Il s'agit d'une réappropriation de nos forêts publiques et d'un investissement massif dans notre avenir économique, tout en apportant une solution à un problème social de première importance. Ce projet pourrait même être élargi et transformé en un service civique pour tous les jeunes citoyens, dans la perspective d’une société qui se soucie d’établir des règles de vie en harmonie pour le bien commun.

OBJECTIFS

Ø  Utiliser d'une façon constructive les fonds publics consacrés à l'aide aux chômeurs et à la sécurité sociale en général.

Ø  Redonner l'espoir aux Québécois qui se gaspillent dans l'inactivité, par un travail communautaire valorisant et rétribué, pendant une période limitée dans un milieu différent de leur milieu habituel.

Ø Donner l'occasion à des dizaines de milliers de jeunes Québécois et Québécoise, ainsi qu’à de jeunes immigrés, de découvrir les immenses ressources notre si beau territoire, de mieux se connaître et de créer des liens dans le cadre de travaux d'équipe valorisants qui seront un investissement dans leur avenir.

Ø  Leur permettre de vivre une période intense de travail productif, de formation et de réflexion. Leur faire découvrir les joies du travail dans la nature. Normalement, au cours d'un tel stage, la plupart devraient trouver une nouvelle motivation à faire les efforts qui s'imposent pour régler leurs problèmes, trouver les idées et l'information qui leur permettent de réorienter efficacement leur vie. Leur donner une occasion de mettre en valeur leurs qualités d’organisateurs et de chefs d’équipe.

Ø  Donner à plusieurs la possibilité de se refaire une santé, de se dégager de l’emprise de l’alcool et de la drogue, de prendre de saines habitudes de vie et de bonne alimentation.

Ø  Développer l'amour du patrimoine et la solidarité nationale des Québécois de toutes origines. Actuellement, les habitants du Québec sont divisés par toutes sortes de barrières: l'école, le statut social, l'origine ethnique, la religion, la langue, etc. Il importe au plus haut point de mettre ensemble tous ces Québécois dans un milieu propice, afin qu'ils découvrent finalement un vouloir-vivre collectif.

Ø  Réaliser des travaux de sylviculture à grande échelle dans des territoires désignés afin de régénérer nos forêts, accélérer la croissance des arbres et nous assurer des réserves de bois de diverses essences de très haute qualité pour l'avenir. Il s’agit largement de couper une bonne partie des petits arbres pour permettre aux autres de grossir plus rapidement et de nettoyer la forêt selon des directives professionnelles.

Ø  Développer l'aptitude à comprendre la nécessité de travaux à long terme, sans rentabilité immédiate pour assurer l'avenir d'une nation sur un territoire.

DESCRIPTION

    Le secteur forestier doit être prioritaire du fait que la forêt une de nos plus importantes ressources naturelles, et qu'elle est renouvelable indéfiniment si on le veut. D'autres secteurs peuvent être considérés, mais peu permettent de mobiliser autant de personnes simultanément avec des effets perceptibles à court et à moyen termes.

    Les forêts à nettoyer et cultiver doivent être désignées par nos plus grands experts dans le domaine, en fonction de critères reconnus par tous. L'équipement utilisé doit être du type léger: on doit favoriser largement le travail manuel et ne pas investir dans un équipement mécanisé importé et coûteux.

    Un chantier pourrait être composé d'une moyenne d’une centaine de personnes, incluant les divers professionnels, avec des camps séparés pour les garçons et les filles. Dans une première phase ou projet-pilote de deux ans, on pourrait prévoir l'organisation à court terme de deux chantiers dans des forêts de la rive nord du St-Laurent dans des forêts de résineux, et deux chantiers sur la rive sud dans les bois francs. On fera suivre d'une évaluation approfondie en vue de la poursuite dans toutes les régions du Québec. Considérant le nombre actuel de chômeurs et d'assistés sociaux, il faudra probablement multiplier cet effort rapidement.

    Ces chantiers pourraient normalement fonctionner du début mai à la fin octobre. Mais une partie pourrait fort bien fonctionner à l'année longue. La journée de travail pourrait être de 6,5 à 7,5 heures selon le nombre d'activités de formation et loisir organisées. On fournira une bonne alimentation, saine et abondante: on en fera une matière de formation (mens sana in corpore sano...). Le logement sera simple, mais confortable.

    On incitera toutes les personnes aptes au travail, assistés sociaux et chômeurs, à participer à ces chantiers, dans la perspective d'une réinsertion à court terme dans la société active. On devra aussi incorporer des jeunes qui réussissent bien dans la vie pour leur bénéfice mutuel. Il faut évidemment une sérieuse incitation monétaire: par exemple, ceux qui participeront seront nourris et logés pendant leur stage, tout en recevant une généreuse allocation leur permettant de faire des économies. Les vêtements et chaussures de travail pourraient être fournis suivant des normes à établir. Par contre, ceux qui refuseraient ne recevraient plus qu’une fraction de l'allocation habituelle. D'autre part, ceux qui sont vraiment inaptes au travail continueront d'avoir droit à des allocations leur permettant de vivre dignement.

    La durée normale d'un séjour dans un chantier devrait être d'une période de 5 à 6 mois, à la fin de laquelle un encadrement efficace devrait être proposé aux stagiaires, avec une rémunération minimale, pour les aider à trouver une nouvelle activité valorisante. Ils pourraient aussi bénéficier d’une deuxième et troisième période selon des critères à préciser.

    On mettra à contribution tous les secteurs de notre société pour organiser une grande variété d'activités de formation et d'activités de loisir : des conférences, des entrevues avec des chefs de files, des jeux, des sports organisés, etc...

    La matière ligneuse récupérée ainsi en très grandes quantités d'une façon régulière peut être transformée en divers sous-produits: papier et carton, matériaux de chauffage (briquettes), alcools, etc. La récupération et le sarclage seront faits conformément aux directives de professionnels de la forêt.

    Il ne s'agit aucunement d'un projet visant à procurer de la main d'œuvre à bon marché à qui que ce soit.

MOYENS

Ø  Le financement proviendra essentiellement d'une nouvelle allocation des crédits de l'assurance-chômage, de la sécurité sociale, des ressources naturelles, etc. Il devrait être facile, pour des économistes et des gestionnaires, d'en démontrer la rentabilité économique par rapport au laisser-aller et au délabrement actuel dont les effets sont désastreux.

Ø  La réalisation et le bon fonctionnement de ce projet devra mettre à contribution l’expertise et les ressources de plusieurs ministères de l’État du Québec comme les suivants prioritairement :

  • Le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.
  • Le Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
  • Le Ministère de l'Économie et de l'Innovation.
  • Le Ministère de l’Agriculture, environnement et ressources naturelles.

Les suivants pourraient éventuellement y contribuer de diverses façons
pour de la formation et de l’information :

  • Le Ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles
  • Le Ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques
  • Le Ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration : en lien avec la participation de jeunes immigrés et immigrées aux Chantiers.
  • Le Ministère des Finances…

Ø  On devra développer un intéressement des entreprises privées, surtout des entreprises industrielles, auxquelles ce projet devrait profiter du fait que les travailleurs issus de ce programme devraient être plus motivés, plus habiles, plus efficaces, mieux formés, etc.

Ø  La clé du succès de cette opération: une organisation à toute épreuve, mettant à contribution toutes les compétences dont nous disposons. Il faut du personnel d’encadrement hautement qualifié, trié sur le volet et surtout très motivé et bien entraîné. Ce personnel comptera pour moins de 10% de la population d’un chantier et participera évidemment aux travaux sur le terrain.

Ø  Les chantiers doivent disposer d’un personnel dans une variété de secteurs: des contremaîtres forestiers d’expérience, de bons cuisiniers, des enseignants dans divers domaines, des organisateurs de loisirs divers: sports, concerts, récitals, théâtre, ateliers de peinture, de sculpture, etc., etc...

Ø  On pourra mettre éventuellement à contribution les militaires québécois pour l’organisation matérielle des chantiers (baraquements, tentes, groupes électrogènes, etc.), l’organisation d’un bon entraînement physique: enfin une armée pourrait servir à un objectif civil valorisant ([2]). Une fraction du temps pourrait être consacrée à un entraînement de défense civile de base pour tous.

Ø  On organisera des tournées d’artistes dans les chantiers, des tournées de conférences par toutes sortes de spécialistes du monde de l'enseignement, de l'industrie, des spectacles, récitals, etc. On favorisera la projection de bons films choisis parmi les meilleurs, surtout québécois, français, européens et autres, dans un répertoire essentiellement non violent (nos écrans sont saturés de films américains, le plus souvent très violents).

Ø  On invitera l’entreprise privée à contribuer : encadrement technique pour la coupe du bois et la récupération, prêt d'experts de toutes sortes pour l'organisation d'activités de formation théorique et pratique, etc.

CONCLUSION

    On a présenté ici les grandes lignes d'un projet qui pourrait permettre d'atteindre simultanément plusieurs objectifs sociaux et économiques de grande valeur, un projet permettant à un nombre considérable de Québécois de retrouver l'espoir, tout en investissant massivement dans la culture de la forêt, notre grande ressource renouvelable, pour préparer un avenir prospère.

    Il s'agit bien sûr d'une ébauche et il faudrait évidemment développer ce projet et en étudier toutes les implications. Il faut espérer qu'il suscite suffisamment d'intérêt pour qu'il soit rapidement étudié à son mérite.

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[1]    Ingénieur, professeur titulaire retraité et chercheur du département de Génie électrique et Génie informatique de l’Université du Québec à Trois-Rivières.

 [2]    L'éventuelle armée du Québec devrait être formée d'un strict minimum d'effectifs permanents et d'équipement, à l'image de celle de la Suisse. La meilleure protection d'un pays est une population pleinement responsable, prête à défendre sa liberté par tous les moyens, avec des armes légères qui lui seront confiées dans le cadre d'une défense civile bien organisée.

lundi 12 septembre 2022

Jean-Luc Dion, ing., D. Sc.  [1]
Professeur titulaire retraité - Département de Génie électrique et Génie informatique
Université du Québec à Trois-Rivières
Vice-président de SonerTec inc.

Avril 2008

Version française de : « Contamination-free high capacity converging
waves sonoreactors for the 
chemical industry »
Ultrasonics SonochemistryVolume 16, no 2, Février 2009, Pages 212-220

Table des matières

1.     Introduction

2.     Les sonoréacteurs connus. 3

3.     Un système de sonoréacteur unique. 3

4.     Des ondes convergentes... 4

5.     Fonctionner sous pression. 7

6.     Les systèmes en fonction. 8

7.     L’effet puissant de la cavitation acoustique confinée. 10

8.     Détermination des conditions de traitement. 13

9.     Versatilité. 14

10.   Domaines d’applications démontrés et marché. 14

11.   Efficacité. 17

12.   Capacité de traitement. 18

13.   Coût de fonctionnement. 18

14.   Conclusions

Résumé

Nous présentons ici une nouvelle technique exclusive de sonoréacteur qui ouvre de vastes perspectives dans divers champs des industries chimique et pharmaceutique, en rendant possibles à l’échelle industrielle les applications connues de la sonochimie. Ces systèmes uniques utilisent de puissantes ondes ultrasonores convergentes dans un tube de polymère qui produisent une zone de cavitation acoustique concentrique et confinée, relativement grande dans les liquides ou réactifs en circulation. Il est bien connu que de nombreuses réactions chimiques sont fortement accélérées en présence de cavitation acoustique. Les nouveaux sonoréacteurs cylindriques ne contaminent pas les réactifs comme dans les autres appareils. D’autre part, ils peuvent servir efficacement à la production de nanoparticules et nanofibres, au désencrage et au blanchiment des pâtes à papier, à la dégradation des boues, à la décontamination de l’eau, etc. Les conditions de fonctionnement peuvent varier largement selon la puissance, la pression, la température, les gaz en solution et le débit. La capacité de traitement du modèle industriel peut être de plusieurs tonnes à l’heure, avec une puissance électrique de 50 kW à l’entrée.

1.    Introduction

Depuis que Richards et Loomis ont rapporté les premiers effets chimiques de la cavitation acoustique en 1927 [[2]], les attentes de l’industrie chimique n’ont cessé de croître, surtout au cours des vingt dernières années, mais sans être satisfaites. Au cours de cette période, de très nombreuses publications ont démontré que beaucoup de procédés chimiques pouvaient être considérablement activés en présence de cavitation acoustique surtout dans le domaine de la chimie organique [[3]], de la cristallisation [[4]], et de la pharmacologie [[5]]. Suslick a observé que la cavitation acoustique pouvait accélérer certaines réactions par un facteur de 100 000 [[6]] ! L’effet catalytique de la cavitation ultrasonore est maintenant bien démontré [[7]].

De nombreuses autres applications sont maintenant démontrées, par exemple : l’extraction de molécules bioactives à partir de plantes et de résidus animaux [[8]], la production de nanoparticules [[9]], la dégradation des boues [[10]], la décontamination de l’eau [[11]], etc.

Le très lent développement des applications industrielles de la sonochimie a deux causes principales liées aux sonoréacteurs existants avant ceux de SonerTec. Premièrement, la cavitation acoustique est un phénomène très violent qui se produit sur les surfaces métalliques vibrantes de la plupart des sonoréacteurs, ce qui produit l’érosion de ces surfaces avec dégagement de métaux contaminants. Même les sonotrodes en titane sont érodées ! Cette contamination interdit donc leur utilisation dans la plupart des procédés de chimie fine. Deuxièmement, ces sonoréacteurs n’ont pas la capacité de traiter de grandes quantités de liquides.

Alors, faute de sonoréacteurs appropriés, il n’existe actuellement que peu d’applications industrielles à petite échelle, surtout pour la cristallisation, le mélange de produits, etc. [[12],[13]]. Le vaste domaine des procédés chimiques industriels est essentiellement inoccupé. Mais, les choses pourraient changer, nous l’espérons, avec le nouveau type de sonoréacteurs cylindriques à ondes convergentes mis au point par SonerTec, une entreprise du Québec.

2.    Les sonoréacteurs connus

La figure 1 tirée du site de la société Hielscher [[14]] montre le principe de ses sonoréacteurs, qui s’apparentent à tous les autres, sauf ceux de SonerTec, et illustre clairement ces deux derniers points. Cette photo est celle d’un montage spécial où l’enveloppe d’un sonoréacteur conventionnel est transparente. Elle entoure la sonotrode qui est le cylindre concentrique qu’on distingue. À gauche, des éléments piézoélectriques moteurs sont excités par un courant électrique à une fréquence telle que le cylindrique vibre dans un de ses modes de résonance longitudinaux. On observe que la cavitation (zones claires) ne se produit qu’en certaines zones de volume relativement faible. Comme le montre la figure 2, la cavitation acoustique est induite aux points où le déplacement est élevé (extrémité A) ou maximal (contours B). Il n’y en a pas là où la vibration est minimale ou faible : les régions C. Comme les ondes produites sont divergentes, leur intensité diminue rapidement avec l’éloignement de la sonotrode. On comprend alors que la cavitation ne se produise qu’au voisinage immédiat de la surface vibrante, ce qui entraîne l’érosion de cette surface et un faible volume de traitement. On observe de plus que la cavitation ne se produit que le long de certaines lignes de forme arbitraire, pratiquement toujours aux mêmes endroits. Le volume actif des zones de cavitation est donc relativement faible.

        Figure 1 -   Cavitation sur une
                            sonotrode 
conventionnelle.

Figure 2 -   Principe de la sonotrode conventionnelle.

3.    Un système de sonoréacteur unique

Nous décrirons ici un type de sonoréacteurs entièrement nouveaux qui diffèrent de tous les autres dans leurs principes de fonctionnement. Deux modèles existent présentement avec d’importantes capacités de traitement : un de 5 kW, et un de 50 kW. Ces sonoréacteurs sont particulièrement adaptés aux procédés chimiques du fait qu’ils ne contaminent pas les réactifs par des produits d’érosion comme les autres [[15]]. La raison en est que la puissante zone de cavitation produit sous pression est confinée hors de la paroi d’un tube de PTFE (polytétrafluoroéthylène ou Téflonmd) qui transmet l’énergie acoustique dans le liquide en circulation libre (figure 3). Comme on l’a vu plus haut, les sonotrodes des autres sonoréacteurs sont graduellement détruites par la cavitation qui se produit sur leur surface et doivent être remplacées périodiquement. De plus, dans la plupart des configurations, le liquide doit changer de direction plusieurs fois au cours du transit, ce qui n’est pas l’idéal pour les liquides épais et les boues [[16]].

4.    Des ondes convergentes...

Une caractéristique exclusive et brevetée des sonoréacteurs de SonerTec est schématisée dans la figure 3 [[17]]. Des transducteurs piézoélectriques spéciaux en forme de barres prismatiques Tr produisent des ondes ultrasonores quasi-cylindriques convergentes dans le liquide sous pression circulant dans le tube central de traitement T. Ainsi, l’intensité acoustique est normalement maximale au centre du tube où la cavitation commence quand la puissance fournie atteint un certain seuil. Cette réalisation résulte d’un concept initial longuement simulé avec le logiciel Atila, un code de calcul par éléments finis, en 2 ou 3 dimensions, de structures électromécaniques comportant des éléments piézoélectriques ou magnétostrictifs [[18]]. Les calculs ont été faits en deux dimensions pour un ensemble formé d’un transducteur appliqué sur une section de tube limitant un milieu infini. C’est une approximation valide du fait que, en régime de cavitation, la zone de cavitation absorbe presque totalement l’énergie acoustique. La conception mécanique du sonoréacteur est telle que les douze transducteurs spéciaux sont appliqués uniformément sur le tube et que leur poussée est partiellement équilibrée par la pression du liquide circulant dans le tube.

Figure 3  Coupe schématique du sonoréacteur à ondes convergentes.


 

Figure 4   Zone de cavitation dans le sonoréacteur SR-31..

Par conséquent, la zone de cavitation cylindrique est concentrique au tube comme le montre la figure 4. Cette photo est tirée d’une vidéo tournée à travers le hublot du modèle SR-31 dans de l’eau en circulation. Cette cavitation est produite avec une puissance d’entrée de 4 kW à 45 kHz, sous une pression de 4 bars (400 kPa). La photo montre clairement que la zone de cavitation est confinée, à l’écart de la paroi du tube : une caractéristique exclusive des sonoréacteurs de SonerTec. Le diamètre interne du tube de ce modèle est de 75 mm. Le diamètre relatif de la zone de cavitation et sa distribution sur le rayon dépendent, d’une façon complexe, particulièrement de la puissance, de la fréquence, de la viscosité et de la pression du liquide.  À certaines conditions, l’intensité peut même être inférieure au centre, du fait que la cavitation dans une zone annulaire absorbe fortement l’énergie acoustique : un genre de « trou noir » pour l’énergie acoustique… Chaque procédé requiert des conditions optimales.

Il est impossible de mesurer l’amplitude de vibration à la surface du tube. Mais on peut la déduire approximativement à partir de la mesure de la puissance acoustique de cavitation dissipée en chaleur dans le liquide. C’est cette puissance qui est importante. La symétrie circulaire de la zone de cavitation (fig. 4) et l’érosion produite sur des lames d’aluminium (fig. 9-10) indiquent de faibles différences de phase entre les surfaces des transducteurs adjacents : probablement moins de 60°. Ceci s’explique par la qualité de l’adaptation de l’impédance acoustique des transducteurs à celle présenté par le tube et le liquide, une caractéristique exclusive du système.

La zone de la figure 4 paraît noire du fait que la lumière venant du fond est bloquée par les milliers de bulles de cavitation par cm3 qui se forment, oscillent pendant quelques périodes et implosent violemment. La compression adiabatique des gaz résiduels dans les bulles produit des ondes de choc dont la pression peut dépasser 1000 bars et des températures locales supérieures à 5000 K selon Suslick [[19]] : il y a formation d’un plasma.

La conception de la structure et des transducteurs requis pour produire ces ondes cylindriques a constitué un défi très intéressant. On peut mentionner que cela requiert un assez grand nombre de céramiques piézoélectriques. Ainsi, pour produire une grande puissance totale, chaque céramique ne fournit qu’une faible fraction de sa puissance maximale et chauffe relativement peu. En fait la température de l’huile servant au refroidissement est facilement maintenue à moins de 50°C. La vie utile des céramiques et du sonoréacteur est donc beaucoup plus longue que dans les appareils piézoélectriques courants.

On observe que les bulles se forment en amas et en filaments violemment agités qui rayonnent à partir du centre, avec l’apparence de l’effet couronne en haute tension électrique (figure 4). Ceci est accompagné d’un bruit typique de cavitation perçu à travers à structure massive en acier et aluminium du sonoréacteur. On obtient une variété de conditions de traitement en variant la pression et la puissance fournie, qui entraînent une variation du volume relatif de la zone de cavitation sans jamais détruire la paroi du tube ou libérer des contaminants. L’étendue et la distribution d’intensité de la cavitation selon le rayon sont des fonctions non linéaires de la puissance fournie, de la pression, de la température, de la nature du liquide traité, de sa viscosité, de la concentration du gaz en solution, etc.

C’est dans cette zone de cavitation que se produisent les réactions physico-chimiques intéressantes. On sait maintenant que les conditions extrêmes créées permettent de dissocier n’importe quelle molécule organique et de produire des radicaux libres très actifs, particulièrement dans l’eau. Il a même été rapporté par Taleyarkhan, Lahey et al. qu’il peut y avoir fusion thermonucléaire dans un liquide contenant du deutérium [[20],[21]]. Cette démonstration a été faite avec un petit montage de laboratoire à la pression atmosphérique!

Dans les nouveaux sonoréacteurs de SonerTec, les liquides circulent librement, sans obstructions comme dans la plupart des autres systèmes [[22]]. Le débit peut ainsi être très élevé, si désiré. Par exemple, un fort débit peut être requis pour des procédés en cuvée requérant plusieurs passages dans le sonoréacteur pour maximiser le traitement. Comme dans les autres sonoréacteurs, une partie du liquide peut ne pas circuler dans la zone de cavitation au cours d’un seul passage. Toutefois, le volume relatif de la zone confinée des appareils SonerTec est élevé par rapport à celui des autres systèmes. Comparer les figures 4 et 1, et [[23]].

5.    Fonctionner sous pression

Une autre caractéristique exclusive des sonoréacteurs de SonerTec est leur capacité de fonctionner avec des liquides sous des pressions de plusieurs atmosphères, où l’intensité de la cavitation acoustique, pour la même puissance électrique fournie, peut être des centaines de fois supérieure à celle qu’on observe à la pression atmosphérique, sans autodestruction. Ce phénomène a été démontré au début des années 1960 dans l’ancienne URSS, grâce aux travaux de Sirotyuk [[24]]. On a étudié l’effet de la pression en mesurant la masse d’aluminium dégagée par cavitation d’un petit bloc d’aluminium placée au foyer d’un dispositif hémisphérique produisant des ondes quasi-sphériques convergentes. Par exemple, il a été démontré que l’intensité de cavitation à 4 bars (400 kPA) était environ 40 fois supérieure à celle mesurée à la pression atmosphérique (100 kPA), ce rapport étant encore plus élevé pour une plus grande puissance à l’entrée (figure 5). Comme nous le verrons aussi dans d’autres figures, cette méthode de mesure par érosion est simple et pratique pour comparer les effets de la cavitation acoustique.

Plus récemment, Matula et Crum ont observe qu’une augmentation de la pression hydrostatique dans une solution pouvait accroître de deux ordres de grandeur la sonoluminescence, mais ils ne connaissaient apparemment pas les travaux de Sirotyuk [[25]].

Ce phénomène a inspiré la conception des sonoréacteurs de SonerTec, et ils ont été fabriqués pour fonctionner normalement à des pressions supérieures à la pression atmosphériques où la cavitation est vraiment efficace. Les modèles actuels peuvent fonctionner avec une pression de 6 bars (600 kPa). Dans l’avenir, cette pression pourra être portée à des pressions bien supérieures, comme 50 bars (5 MPa) où l’activité de cavitation peut être des milliers de fois supérieure à celle mesurée à 1 bar. Ceci peut être particulièrement utile pour la décontamination de grandes quantités d’eau ou la dégradation efficace des boues. En effet, par exemple, un nombre considérable de publications rapportent que la cavitation acoustique peut être utilisée pour réduire radicalement la concentration d’une foule de polluants chlorés et fluorés jusqu’à moins de 1 ppm [[26],[27]]. Une cavitation très énergique est particulièrement efficace avec de l’eau fortement contaminée.



Figure 5    Effet de la pression hydrostatique sur la masse d’aluminium érodée d’un petit bloc placé au foyer d’ondes sphériques convergentes dans l’eau, en fonction de la tension appliquée aux transducteurs, pour diverses valeurs de la pression [Sirotyuk]. On note qu’avec la même excitation de 20 V (ligne rouge), l’efficacité de la cavitation à 4 bars est environ 40 fois plus élevée qu’à 1 bar, et 80 fois plus élevée à 10 bars. Si l’excitation est doublée à 4 bars, le graphique montre que l’intensité de cavitation est environ 250 fois celle à 20 V et 1 bar…

 


6.    Les systèmes en fonction

Deux modèles de sonoréacteurs SonerTec ont été conçus et réalisés. Le plus petit, modèle SR-31, qui a une puissance nominale de 5 kW, a un volume de traitement de 1 litre dans un tube de 75 mm. Il est bien adapté aux bancs d’essais pour la mise au point de divers procédés et les petites productions. Il est équipé d’un système de commande automatique permettant de commander avec précision la puissance, la pression, la température, le débit, dans des procédés en cuvée ou en continu. La figure 6 montre une des versions où l’on aperçoit le sonoréacteur cylindrique à droite (jaune), monté sur un cabinet contenant le générateur de 5 kW à fréquence moyenne (45 kHz) ainsi que le système de commande automatique.

Le noyau du sonoréacteur est formé de 12 transducteurs prismatiques, chacun pouvant être excité à plus de 400 watts. Le système peut fonctionner en circuit fermé avec le réservoir à gauche contenant le liquide à traiter. Dans ce modèle particulier servant au développement d’un procédé de traitement des boues sous pression, une pompe à volume progressif (pompe à vis) force le liquide à travers le tube central sans obstacles, et une valve à manchon sert à maintenir automatiquement la pression. Ce modèle n’a pas de hublot pour l’observation. Les valeurs appropriées de puissance, pression et débit sont maintenues automatiquement. D’autres configurations sont possibles : par exemple, on peut utiliser une pompe centrifuge pour la circulation, et un gaz comprimé pour maintenir la pression dans le système avec un réservoir approprié. La photo de la zone de cavitation de la figure 4 a été prise avec un tel dispositif équipé de hublots.

Figure 6  -  Le banc d’essai SonerTec SR-31 de 5 kW 
                                                 pour la mise au point de procédés ou la petite production.

L’autre modèle, le SR-42 de 50 kW (tube de 100 mm), appelé « Digest Sonic », est destiné aux applications industrielles. Son noyau est composé de deux groupes de 12 transducteurs prismatiques d’une longueur d’environ 900 mm chacun (tourné de 90° dans la figure 7). Chaque transducteur peut être alimenté avec un courant HF de 2 kW à environ 39 kHz. La figure 8 montre un système expérimental installé à l’usine de traitement d’eau d’Achères, près de Paris (France), la plus grande usine du genre en Europe. Il sert à des essais sur le traitement des boues en amont d’un digesteur anaérobie, afin de déterminer l’augmentation du volume de biogaz produit et la diminution des résidus. La boue est injectée par une pompe à vis au bas du sonoréacteur qui fait environ 2 m de haut, et la pression est maintenue par une grosse valve à manchon qu’on distingue partiellement. À gauche, on aperçoit le système de commande automatique et le générateur de courant HF. Ce système peut fonctionner avec une pression interne variant de 1 à 6 bars (100 – 600 kPa). Dans ce modèle, la pression est aussi limitée par la tuyauterie utilisée, présentement du CPVC. Comme pour les petits modèles, la pression et les effets de la cavitation pourront éventuellement être augmentés en utilisant une tuyauterie appropriée, et en redessinant un peu la structure interne du sonoréacteur.


Figure 7  -  Le cœur du sonoréacteur de 50 kW (tourné de 90°).

Figure 8  -  Le système SR-42 « Digest Sonec » servant au traitement de la boue en France.

7.    L’effet puissant de la cavitation acoustique confinée

Quand une lame d’alliage d’aluminium dur de 0,6 mm d’épaisseur est insérée dans la zone de cavitation de la figure 4, on observe que le centre est percé en moins d’une minute. La photo de la figure 9 montre clairement l’effet d’une irradiation de 3 minutes dans le petit sonoréacteur SR-31, à 4 kW, 4,4 bars. La longueur totale de la région érodée est d’environ 240 mm, la zone centrale fortement érodée fait environ 100 mm, alors que les transducteurs ont une longueur d’environ 210 mm. Le diamètre du tube étant de 75 mm, le rapport longueur/diamètre est d’environ 3. Cette photo illustre particulièrement les effets de bout prédits par la théorie de diffraction des ondes. Si le même tube était beaucoup plus long, les effets de bout seraient sensiblement les mêmes, tandis que la zone d’intensité relativement uniforme serait plus longue et efficace. Ceci a été bien confirmé dans le modèle de 50 kW (fig. 8) équipé d’un tube de PTFE d’une longue de 1800 mm, où le rapport longueur/diamètre est de 18.


Figure 9  -  Érosion d’une lame d’alliage d’aluminium dur de 0,6 mm pendant 3 minute dans le modèle SR-31

La figure 10 montre l’effet de la cavitation acoustique sur une lame de 1,5 mm d’épaisseur insérée dans le tube, avec une irradiation de 50 kW, 39 kHz à 6 bars pendant 5 minutes. Les figures 9 et 10 sont peut-être les meilleures illustrations des capacités uniques des nouveaux sonoréacteurs de SonerTec.


Figure 10  -  Érosion d’une lame d’alliage d’aluminium dur de 1,5 mm
pendant 5 minute dans le modèle SR-42.

Un autre effet impressionnant d’une zone de cavitation acoustique confinée dans ces sonoréacteurs est la fragmentation des particules de boue telle qu’illustrée dans les figures 11 et 12. Dans la première, le cylindre 1 contient de la boue secondaire non traitée provenant d’une usine de papier (Kruger, Trois-Rivières). Les autres cylindres contiennent la même boue qui a été traitée avec une énergie spécifique de cavitation (ESC) croissante de gauche à droite (2 à 9) d’environ 10 à 200 joules/cm3. Cette énergie est le produit de la puissance électrique d’entrée par le temps de traitement. Pendant ces essais, la puissance maximale utilisée était seulement de 1200 W, avec une pression de 2,5 bars. Plus tard, avec un nouveau générateur, la puissance a pu être portée à près de 5 kW avec une pression de 4,5 bars. On observe qu’avec une ESC de seulement 10 joules/cm3 la partie solide noire est déjà modifiée et surnage la partie liquide. Les microphotographies à 100X de la figure 12 comparent la boue non traitée (#1) avec celle traitée à 10 joules/cm3 (#2). On peut constater que les flocs présents dans la boue non traitée sont largement dispersés avec cette faible ESC. De plus, une forte proportion des micro-organismes tels que celui à côté du -100X- sont détruits.

À mesure qu’on augmente l’énergie spécifique de cavitation, un autre effet apparaît à cause de la puissante action oxydante de la cavitation acoustique dans l’eau : la stérilisation. Tous les tubes ont été scellés après le traitement. Or, après 15 jours à la température de la pièce, aucune moisissure n’est apparue sur le liquide dans les cylindres 8 et 9 (~100 et ~200 joules/cm3, ce qui indique la destruction efficace des micro-organismes.

Figure 11  -  Effet de la cavitation acoustique sur la boue secondaire d’une usine de papier (Kruger).

Nous avons aussi observé l’action oxydante de la cavitation en traitant de petites cuvées de jeunes whiskys et brandies avec le modèle SR-31. Un traitement d’une vingtaine de minutes leur a donné une « rondeur » que certains goûteurs ont comparée à celle donnée par une maturation de 8 à 10 ans!

Nous avons aussi fait quelques essais de production de nanoparticules de cuivre et de silicium dans le sonoréacteur SR-31. Le matériau de base était de la poudre de cuivre servant au brasage et de la poudre de silicium fournie par un fabricant local (Industries SKW inc., Bécancour). La grosseur initiale de ces particules était voisine de 100 micromètres. Dans les deux cas on a traité une boue préparée avec 3 kg de poudre dans 40 litres d’eau déminéralisée. On a traité avec une puissance maximale de 2 kW disponible à l’époque, sous une pression de 3 bars, pendant 40 minutes. Les particules résultantes ont été comparées aux particules initiales au moyen d’un microscope optique avec un grossissement maximale de 800X. Dans les deux cas, on a observé un fort décalage vers les petites dimensions, et on a évalué en gros que 15% des particules avaient moins de 10 micromètres. Nous n’avions pas l’équipement pour mesurer de plus petites particules.

Figure 12  -  Microphotographies à 100X. À gauche : boue non traitée. 
À droite : boue traitée avec une énergie spécifique de cavitation de 10 joules/cm3.

8.    Détermination des conditions de traitement

Les conditions de fonctionnement doivent être déterminées pour chaque procédé avec un banc d’essai avant de passer à l’échelle industrielle. Selon le procédé en cause, on peut avoir besoin de cavitation énergique ou faible. Chaque procédé requiert une certaine énergie spécifique de cavitation (ESC) pour une valeur donnée de pression et de puissance au-dessus du seuil de cavitation. Par exemple, comme nous l’avons vu plus haut, nos essais ont montré que les boues municipales ou industrielles commencent à être visuellement modifiées avec une ESC de 10 joules/cm3, avec une puissance de 1200 W sous une pression de 2,5 bars. Avec une ESC supérieure à 200 joules/cm3, la boue semble complètement stérilisée du fait de l’éclatement micro-organismes et de leur oxydation par les radicaux libres produits. Avec le nouveau générateur de courant HF de 5 kW installé plus tard, une destruction plus complète aurait normalement été observée, mais le temps n’était pas disponible pour de nouveaux essais. 

Nous avons de plus fait quelques essais sur la cristallisation du sucre. Nous avons observé une plus grande production de cristaux fins et uniformes à basse pression et faible puissance au-dessus du seuil de cavitation. Une forte cavitation semble détruire les cristaux aussitôt formés.

9.    Versatilité

Une caractéristique intéressante de ce type de sonoréacteurs est leur capacité d’être facilement adaptés à des applications très diverses avec un minimum de modifications, y compris aux systèmes périphériques : tuyauterie, pompes, électronique, etc. Par exemple, s’il faut traiter des liquides corrosifs on utilisera une tuyauterie externe en acier inoxydable approprié ou en PTFE. Diverses améliorations sont prévues pour les prochains modèles qui augmenteront le volume relatif de la zone de cavitation et le rendement. Il faut noter que ces systèmes de sonoréacteur sont conçus pour être simplement insérés dans un procédé existant, avec un minimum de changements. La superficie occupée par un SR-42 est typiquement de seulement 2 x 3 m environ (figure 8). De plus, pour traiter de très grands volumes, on peut mettre plusieurs unités en série ou en parallèle, ou les deux.

10.       Domaines d’applications démontrés et marché

·     La chimie industrielle : ces nouveaux sonoréacteurs pourront remplacer de nombreux types de réacteurs chimiques industriels conventionnels existants, en plus de remplacer certaines autres techniques pour faire plus vite et mieux. De nombreux travaux de recherche ont démontré que la cinétique d’un nombre considérable de réactions chimiques peut être très fortement activée en présence de cavitation acoustique, particulièrement en chimie organique : jusqu’à 100 000 fois ! [[28]]. La cavitation peut souvent remplacer largement les coûteux catalyseurs utilisés dans de nombreux procédés.

·     La réactivation des catalyseurs en poudre (zéolithe et autres) dans l’industrie pétrochimique et d’autres, une opération de valorisation : la cavitation produit un nettoyage profond des pores du catalyseur. Une raffinerie typique peut utiliser plusieurs tonnes par jour de catalyseurs spéciaux qui coûtent près de 2000$ la tonne.

·     La cristallisation d’une foule de composés peut être accélérée et améliorée en présence de cavitation acoustique. Il y a déjà quelques applications remarquables dans le domaine pharmaceutique [[29]]. À plus grande échelle industrielle, on a déjà réalisé un système qui améliore considérablement la cristallisation et la purification de l’alumine à partir de la bauxite [[30]].

·     Le traitement des pâtes à papier : de nombreux travaux en laboratoire ont démontré que le traitement des pâtes à papier par cavitation acoustique permet d’améliorer le blanchiment des pâtes et produit une fibrillation qui donne plus de force et d’opacité au papier [[31]]. De nombreux autres travaux démontrent aussi que ce traitement peut améliorer fortement le désencrage des fibres de papiers usagés [[32]].

·     La production de nanoparticules et nanofibres [[33]]. Les poudres nanométriques, sont de plus en plus en demande pour de nombreuses utilisations : peintures, produits pharmaceutiques, etc.  D’autre part, « Les fibrilles de cellulose, qui sont noyées dans une matrice de lignine dans les parois cellulaires du bois, confèrent à ce dernier sa stabilité et son extraordinaire résistance à la traction; des fonctionnalités qui sont aussi recherchées dans les matériaux en général. Les fibrilles de cellulose isolées selon ces différentes méthodes ont été utilisées pour produire des composites avec des polymères tels que l’alcool polyvinylique ou l’hydroxypropylcellulose. Les essais réalisés sur ces composites montrent que leur résistance à la traction augmente avec l’accroissement de leur teneur en fibres pour atteindre jusqu’à cinq fois celle du polymère seul, cela même lorsque les fibres sont dispersées de manière désordonnée dans la matrice de polymère » [[34],[35]]. Considérant la capacité de la cavitation acoustique de fractionner et nettoyer les particules, ainsi que les résultats de certains travaux, on fait l’hypothèse que des nanofibrilles de cellulose peuvent être produites efficacement dans un sonoréacteur [[36]] ce qui ouvre la porte à la création de nouveaux produits à valeur ajoutée : pellicules transparentes et biodégradables pour l’emballage qui pourront remplacer les plastiques, matériaux composites, additifs pour renforcer le papier et utiliser moins de matière première...

·     L’extraction de diverses substances à grande valeur ajoutée de la matière première organique est une voie d’avenir. La cavitation acoustique produit la rupture des cellules de nombreuses plantes terrestres et marines, graines, etc. et favorise grandement l’extraction de substances utiles, plus rapidement que les procédés conventionnels de macération et agitation. Par exemple, diverses molécules qui font partie de la famille des taxanes dont le paclitaxel ou « taxol » (plus de 600$ le gramme!) qui a des propriétés anticancéreuses sont extraites beaucoup plus rapidement en présence de cavitation acoustique. [[37],[38]] Un autre exemple est l’extraction de la chitine et du chitosane des carapaces de crustacés, un autre produit ayant une grande valeur ajoutée dans la pharmacologie [[39]].

·     La décontamination de l’eau fortement contaminée sans aucun produit chimique ajouté. De nombreux travaux de recherche ont démontré que la destruction des contaminants biologiques (tous les micro-organismes) et organiques (composés chlorés, fluorés, aromatiques, polycycliques...) est efficace et radicale, contrairement à celle produite par les ultraviolets (UV) : ces derniers ont surtout pour effet de détraquer le code génétique des micro-organismes, ce qui les empêcherait de se reproduire; on les considère comme morts [[40]]. Ce qui n’empêche pas les mutations éventuellement dangereuses...[[41]]

·       La décontamination des sols est aussi une application démontrée qui est prometteuse dans plusieurs cas.

·       La production d’émulsions stables de carburants et d’eau qui sont plus efficace et moins polluantes que les carburants purs.

·       L’hydrogénation des huiles...

·       La dégradation des boues industrielles et municipales est une application démontrée des sonoréacteurs dont le potentiel est énorme. Le traitement par sonoréacteur fait éclater les cellules de la matière biologique des boues et la rend plus digestible dans les digesteurs anaérobies des usines modernes de traitement des eaux usées qui servent à réduire la masse des résidus.  Des essais et des installations particulièrement en Allemagne ont démontré une diminution supplémentaire des résidus de l’ordre de 15 à 30% après traitement par cavitation acoustique, accompagnée d’une augmentation du même ordre de la quantité de biogaz produits [[42]]. D’une façon générale, on considère des applications au traitement des effluents industriels pour leur destruction, leur recyclage et leur valorisation (purins, rejets d’abattoirs, etc.)

·       La maturation accélérée des boissons alcooliques par oxydation. Etc.

11.       Efficacité

L’énergie E en joules (J) utilisée pour élever la température du liquide qui traverse le sonoréacteur est donnée par :

                                 E  =  m c DT                                                                  (1)

m est la masse du liquide en grammes, c est sa chaleur spécifique (4,18 J g-1 °C-1), et DT est l’élévation de température en °C.

L’efficacité ou rendement d’un sonoréacteur est une grandeur qui n’est pas très bien définie dans plusieurs publications. La plupart du temps, c’est cette énergie E divisée par l’énergie électrique fournie Ee :

                                                                                                          (2)

Mais, dans la plupart des autres sonoréacteurs, une grande partie de l’élévation de température du liquide traité est causée par le refroidissement des transducteurs! Il en résulte donc une surestimation du rendement de la cavitation acoustique. Dans les systèmes de SonerTec, les transducteurs à haut rendements sont refroidis séparément par une circulation d’huile et ils sont assez bien isolés du liquide traité par le tube en PTFE (Téflonmd), un bon isolant. D’autre part, le tube absorbe une certaine fraction de l’énergie acoustique à 40 kHz qui traverse sa paroi. C’est pourquoi son épaisseur est généralement inférieure à 5 mm.

Ainsi, la majeure partie de l’élévation de température dans un sonoréacteur SonerTec est due à l’énergie acoustique de cavitation Ea. L’énergie électrique à l’entrée étant Ee, on peut définir approximativement l’efficacité de cavitation comme :

                                                                                                        (3)

                                                                            (4)

Bien sûr, une telle définition donne de plus faibles valeurs que celles publiées pour les autres sonoréacteurs. Toutefois, elles sont probablement plus réalistes. Les mesures faites par SonerTec donnent des rendements qui atteignent 50%. Les divers perfectionnements des futurs modèles devraient donner des rendements plus élevés.

Mais, finalement, le rendement réel et efficace d’un sonoréacteur est mesuré essentiellement par la réduction du coût total du procédé par tonne de liquide traité par rapport au procédé régulier.

12.      Capacité de traitement

Le volume de liquide qui peut être traité par unité de temps dépend essentiellement de l’énergie spécifique de cavitation (ESC) requise pour réaliser un effet chimique ou mécanique donné. Supposons, par exemple, qu’un certain procédé requiert une ESC raisonnable S = 20 J/cm3, et que le SR-42 fonctionne à pleine puissance P = 50 kW. L’énergie fournie en 1 heure est alors :

                                                                 (5)

Le débit correspondant est alors facilement calculé :

                                                             (6)

Ce débit est inversement proportionnel à l’ESC. Pour de plus grands débits, on peut installer un nombre quelconque d’unités en série ou en parallèle.

13.      Coût de fonctionnement

Actuellement, les coûts de fonctionnement connus des deux modèles sont les coûts de l’énergie électrique. Supposons un système SR-42 qui fonctionne à sa puissance nominale, 50 kW. Ajoutons un maximum de 15 kW pour les appareils périphériques (pompes, refroidisseur, système de commande, etc.). L’énergie électrique utilisée à l’heure est alors 65 kW-h. Si le coût de l’énergie est de 0,15$/kW-h, le coût de fonctionnement est de 9,75$/h.

Avec S = 20 J/cm3, le coût du traitement par litre est alors d’environ 0,0011$. Ce coût est directement proportionnel à l’ESC. Si ESC = 100 J/cm3, il faut multiplier par 5, d’où 0,0055$/litre. Le petit modèle SR-31 de 5 kW a ainsi une capacité de traitement dix fois moins grande que le modèle SR-42.

D’autre part, le tube central en PTFE est très durable. Actuellement, si la puissance est maintenue à un peu moins de 50 kW sa durée semble bien supérieure à une année selon les observations faites. Si nécessaire, le tube peut normalement être remplacé en une journée à un coût inférieur à 5000$. Quant au générateur de courant, son rendement est supérieur à 90% : le rapport entre la puissance HF et la puissance d’entrée à 50 ou 60 Hz.

14.    Conclusions

On sait depuis longtemps que la cavitation acoustique peut accélérer considérablement plusieurs procédés chimiques, fragmenter des particules et dissocier des molécules dans un liquide. Ce phénomène s’applique aussi à la cristallisation, à l’extraction, à l’émulsification, etc. Nous avons présenté ici un nouveau type radicalement différent de sonoréacteurs qui ouvre de toute nouvelles perspectives pour l’industrie chimique qui recherche des procédés améliorés et plus rentables en faisant appel à la sonochimie, ce qui était pratiquement impossible jusqu’à maintenant, faute de sonoréacteurs appropriés. Ces nouveaux sonoréacteurs sont basés sur la production de puissantes ondes acoustiques cylindriques convergentes qui produisent une zone de cavitation concentrique au centre d’un tube de PTFE. Le volume relatif de cette zone chimiquement très active est très supérieur à  celui des sonoréacteurs courants. Vu que la zone de cavitation est confinée, il n’y a pas d’attaque de la paroi du tube et donc pas de produits d’érosion. Les nouveaux sonoréacteurs de SonerTec ont des capacités industrielles de traitement de plusieurs tonnes à l’heure pour le plus gros modèle, selon l’énergie de cavitation requise par unité de volume pour produire l’effet désiré. Ces systèmes peuvent aussi servir au traitement des suspensions dans un liquide, comme la dégradation des boues industrielles et municipales.


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[1]   Trois-Rivières, Québec 

[2]    W. T. Richards and A. L. Loomis, J. Am. Chem. Ser. 49, 3086 (1927).

[3]    Timothy J. Mason, “Sonochemistry and sonoprocessing: the link, the trends and (probably) the future”, Ultrasonics Sonochemistry, vol. 10, Issues 4-5 , July 2003, p. 175-179.

Mandar A. Kelkara, Parag R. Gogatea and Aniruddha B. Pandit, “Process intensification using cavitation: Optimization of oxidation conditions for synthesis of sulfone”, Ultrasonics Sonochemistry, vol. 13, Issue 6, Sept. 2006, p. 523-528.

[4]    Hong Li, Hairong Li, Zhichao Guo and Yu Liu, “The application of power ultrasound to reaction crystallization”, Ultrasonics Sonochemistry, vol. 13, Issue 4 , May 2006, p. 359-363.

[5]    S. Freitas, G. Hielscher, H.P. Merkle, and B. Gander, “Continuous contact- and contamination-free ultrasonic emulsification—a useful tool for pharmaceutical development and production”, Ultrasonics Sonochemistry, vol. 13, Jan. 2006, p. 76-85.

[7]    K.S. Suslick, Y. Didenko, M.M. Fang, T. Hyeon, K.J. Kolbeck, W.B. McNamara III, M.M. Mdeleleni and M. Wong, Acoustic cavitation and its chemical consequences, Phil. Trans. Roy. Soc. A Vol. 357, No. 1751 (1999), p. 335 - 353.  

[8]    S. Albu, E. Joyce , L. Paniwnyk , J. P. Lorimer and T. J. Mason, “Potential for the use of ultrasound in the extraction of antioxidants from Rosmarinus officinalis for the food and pharmaceutical industry”, Ultrasonics Sonochemistry, vol. 11, May 2004, p. 261-265.

[9]    Aharon Gedanken, “Using sonochemistry for the fabrication of nanomaterials”, a review article, Ultrasonics Sonochemistryvol. 11, Issue 2April 2004Pages 47-55.

[10]   Ultrasound in Environmental Engineering. edited by A. Tiehm and U. Neis, Technical University Hamburg-Harburg, Reports on Sanitary Engineering 25 (ISSN 0724-0783, ISBN 3-930400-23-5), GFEU-Verlag, Hamburg.

[11]   M. Ashokkumar, T. Vu, F. Grieser, A. Weerawardena, N. Anderson, N. Pilkington and D.R. Dixon, Ultrasonic treatment of Cryptosporidium oocysts, Waste Water Sc. And Technol., vol. 47, no. 3, (2003), p. 173-177.

[12]   Applied Sonochemistry - the Uses of Power Ultrasound in Chemistry & Processing, Timothy J. Mason, John P. Lorimer, Wiley 2002, ISBN-10: 3-527-30205-0.

[16]   Idem.

[17]   US Patent 6,361,747, Jean-Luc DION and Kodjo AGBOSSOU, « Reactor with acoustic cavitation.
Aussi breveté au Canada, en France, au Royaume-Uni et en Allemagne.

[19]   Sonoluminescence and Sonochemistry, Kenneth S. Suslick, Encyclopedia of Physical Science and Technology, 3rd Ed., R. A. Meyers (ed.); Academic Press, Inc.: San Diego, 2001.

[20]   R. P. Taleyarkhan, J. S. Cho, C. D. West, R. T. Lahey, Jr., R. I. Nigmatulin,4 and R. C. Block, “Additional evidence of nuclear emissions during acoustic cavitation”, Phys. Rev. E 69, 036109 (2004) (11 pages)

[21]   Richard T. Lahey Jr., Rusi P. Taleyarkhan, and Robert I. Nigmatulin, “Bubble Power”, IEEE Spectrum, May 1955.

[24]   Sirotyuk, M.G., Ultrasonic cavitation processes at increased hydrostatic pressures, 5e Congrès International d’Acoustique, Liège, 7-14 septembre 1965, paper #D46

[25]   Matula, T.J. and Crum, L.A., The Sonophysics and Sonochemistry of Liquid Waste Quantification and Remediation, U.S. Department of Energy, 2000, http://www.osti.gov/em52/final_reports/54897.pdf

[26]   M.S.M. M. Rahuman, L. Pistone , F. Trifirò, and S. Miertus, Destruction technologies for polychlorinated biphenyls (PCBs), “Proceedings of Expert Group Meetings on POPs and Pesticides Contamination: Remediation Technologies (April 2000) and on Clean Technologies for the Reduction and Elimination of POPs (May 2000), ICS-UNIDO publications, nov. 2000.

[27]   Yi Jiang, Christian Pétrier and T. David Waite, “Sonolysis of 4-chlorophenol in aqueous solution: Effects of substrate concentration, aqueous temperature and ultrasonic frequency”,  Ultrasonics Sonochemistry, vol. 13, Issue 5 , July 2006, p. 415-422.

[31]    Ke-Cheng Li, Shi-Jie Wang and Ji-Lin Yu, Beating of pulps by ultrasonics, Third International Non-Wood Fiber Pulping and Papermaking Conference – INWFPPC ’96, Beijing 2, 1996, p. 470-478.
Tatsumi D., Higashihara T., Kawamura S. and Matsumoto T., Ultrasonic treatment to improve the quality of recycled pulp fiber, J. Wood Sci. 46, 2000, p. 405-409.

       Xiong J., et al., The mercerization of cellulose under ultrasonic irradiation, Internat. Symposium on Cellulose and Lignocellulosics Chemistry 2000, Proceedings p. 74-77.

[32]    Yimin Xie, Hong Wu and Yanming Lai, Cellulose Deinking of coloured offset newsprint with enzyme treatment in cooperation with ultrasonic wave, Chem. Technol. 36, 2002, p. 285-293.

       Norman J.C., Sell N.J. and Danelski N., Deinking laser-print paper using ultrasound, Proceedings of TAPPI Engineering Conference 1993, p. 869-876.

       Sell, N.J., Norman J.C. and Jayaprakash D., Deinking secondary fiber using ultrasound, Progress in Paper Recycling 4 (4), 1995, p. 28-34.

       Ramasubramanian M.K. and Madanshetty S.I., Focused high frequency ultrasonic removal of xerographic toner from paper surfaces, Proceedings TAPPI Recycling Symposium 2000, p. 21-27.

       Ramirez C.R., Ramos Q.J. and Turrado S.J., Deinking of laser printed paper by ultrasound, flotation and washing systems, Progress in Paper Recycling, 13 (2), 2004, p. 29-36.

       Scott W.E. and Gerber P., Using ultrasound to deink xerographic waste, TAPPI J. 78 (12) 1995, p. 125-130.

[33]    Aharon Gedanken, Using sonochemistry for the fabrication of nanomaterials, Ultrasonics Sonochemistry,
Volume 11, Issue 2 , April 2004, Pages 47-55

[34]    « Le bois – une matière première pour la nanotechnologie? », 13 avril 2004, EMPA Überlandstrasse 129
CH-8600 Dübendorf, Suisse,  http://www.empa.ch/plugin/template/empa/*/26629/---/l=.

[35]    « Nanotechnologies dans l’industrie des pâtes et papiers », Bruno Chabot, Centre intégré en pâtes et papiers de l’UQTR, Carrefour de la recherche forestière, 19 septembre 2007

[36]    Tang Aimin, Zhang Hongwei, et al., Influence of ultrasound treatment on accessibility and regioselective oxidation reactivity of cellulosenext term, Ultrasonics Sonochemistry, Volume 12, Issue 6, August 2005, Pages 467-472.

[39]   http://ift.confex.com/ift/2004/techprogram/paper_24780.htm

[41]   « The use of ultrasound for remediation of biological contamination in water », par S.S. Phull et al., dans « Ultrasound in environmental engineering », colligé par Andreas TIEHM et Uwe NEIS, TUHH Reports on Sanitary Engineering, vol. 25, 1999, Technischen Universität Hamburg-Harburg, ISBN 3-930400-23-5.

[42]    Ultrasound in Environmental Engineering. Technical University Hamburg-Harburg, Reports on Sanitary Engineering 25 (ISSN 0724-0783, ISBN 3-930400-23-5), GFEU-Verlag, Hamburg, par Andreas Tiehm et Uwe Neis  (1999).