NOTE : Même si cet anniversaire est passé, ce qu’il signifie est toujours d’actualité, surtout pour nous Québécois, car il y a de nombreuses similitudes entre le Québec actuel et la Norvège d’avant 1905.
Le 7 juin 1905, le parlement de Norvège, pays alors annexé à la Suède, décida unilatéralement de ne plus reconnaître Oscar II, Roi de Norvège, ce qui venait ainsi dissoudre l’Union. Quelques mois plus tard, un référendum entérina très largement la décision prise par le Storting (parlement) : à près de 99%. La Norvège était prête à redevenir souveraine, après plus de cinq siècles sous la domination du Danemark puis de la Suède.
S’il est un exemple qui devrait inspirer les Québécois de divers points de vue, c’est bien celui de la Norvège. Cent ans après la déclaration unilatérale de son indépendance, ce petit pays nordique dont la superficie est le cinquième de celle du Québec, avec les trois quarts de sa population, se range actuellement parmi les cinq ou six pays les plus compétitifs et prospères au monde, avec la Finlande, autre petit pays scandinave occupant la première place.
UN ANNIVERSAIRE QUE NOUS, QUÉBÉCOIS,
AVONS TOUT INTÉRÊT À REMARQUER
TELLEMENT LES PARALLÈLES SONT NOMBREUX
ENTRE LA NORVÈGE ET NOTRE PAYS, LE QUÉBEC !
(voir le document officiel de Norvège ci-dessous)
La presse économique publiait récemment un petit article très éloquent et très intéressant caché dans les pages intérieures : il n'a pas fait les manchettes de première page dans nos journaux unitaristes qui dominent l'information au Québec car il pouvait servir d'appui assez solide à notre indépendance nationale.
En effet, « Les pays scandinaves et asiatiques dotés des économies les plus compétitives du monde, se placent aux premiers rangs selon le -Rapport sur la compétitivité mondiale 2004-2005 - publié en 2004 par le Forum économique mondial de Davos (WEF). (...) Le WEF a établi son classement après avoir consulté plus de 8700 dirigeants d'entreprises dans 104 pays. »
L'Europe du Nord, championne de la compétitivité
Le Canada se retrouve au 15e rang du palmarès des économies les plus dynamiques au monde
Les pays d'Europe du Nord ont une fois de plus accaparé les premières places du palmarès des économies les plus compétitives au monde, selon le Forum économique mondial.
Censé refléter le potentiel de croissance de l'économie d'un pays au cours des cinq à huit prochaines années, le Rapport sur la compétitivité mondiale 2004-05, dévoilé hier à Genève, a couronné la Finlande pour une troisième fois en quatre ans alors que la Suède s'est classée au troisième rang, le Danemark au cinquième rang, la Norvège au sixième rang et l'Islande à la dixième place sur 104 pays en lice (...)
Note : ces mêmes petits pays scandinaves sont toujours en tête du classement en 2010...
On poursuit en soulignant ce fait très remarquable : « Cette année, la Finlande conserve sa première place -- qu'elle occupe pour la troisième fois en quatre ans -- juste devant les États-Unis. ». Il faut signaler que l'étendue de la Finlande est seulement 20% de celle du Québec, et sa population est environ 75% de la nôtre. Par une curieuse coïncidence, j'écrivais ceci dans un bulletin daté du 14 octobre 2004 (avant que je prenne connaissance de cet article) :
Avant son indépendance en 1905, la Norvège, annexée à la Suède
comme le Québec est annexé au Canada,
était pauvre et démunie, comme le Québec.
Aujourd'hui, la Norvège, petit pays (324 000 km2)
de 4,5 millions (clic) d'habitants,
avec un territoire cinq fois plus petit que celui du Québec
(1 668 000 km2 - 7 543 000 habitants),
se range parmi les 5 pays les plus prospères
et les plus compétitifs au monde.
En particulier, la flotte commerciale de la Norvège
est parmi les 5 premières sur Terre.
Pendant ce temps, avec une longueur de côtes
bien supérieure à celle de la Norvège,
le Québec, pays annexé,
ne peut même pas assurer un système de transport
de marchandises correct le long du Saint-Laurent,
une des plus extraordinaires voies navigables au monde !
Qu'attendons-nous pour sortir du misérabilisme
et de la dépendance stérilisante ???
Nous avons beaucoup à apprendre des Norvégiens...
Indépendance et ouverture sur l'extérieur
Vision à long terme et fierté nationale
Concertation et travail acharné
Cohésion nationale et cohérence dans l'action...
LE CENTENAIRE DE L'INDÉPENDANCE
DE LA NORVÈGE 1905 - 2005
La dissolution pacifique de l’Union entre la Norvège et la Suède en 1905
a été commémorée à travers de nombreux événements en Norvège ainsi qu'à l'étranger.
Source : Ministère des relations extérieures de Norvège
Ce qu'on pouvait alors lire :
Le Centenaire, qui sera commémoré partout dans le monde, sera surtout concentré sur 11 pays. Nous présenterons un programme des quelques 500 événements qui devront donner une image des multiples facettes de la Norvège.
Des concerts, des festivals, des expositions et échanges de programmes et séminaires feront partie du programme du centenaire. De plus, la famille Royale norvégienne fera plusieurs visites officielles à l'étranger, et il y aura également des visites officielles des pays étrangers vers la Norvège durant l'année 2005. Le programme pour la commémoration du centenaire à l'étranger sera établi par le Ministères des Affaires étrangères.
Les évènements de 1905 ont commencé par le développement de la politique étrangère. L'année 2005 marque le centenaire des services diplomatiques norvégiens liés aux pays partenaires et leur participation dans la communauté internationale. Ceci sera également commémoré.
Norvège 1905 - DOCUMENT OFFICIEL
1905 – La séparation pacifique
Le 7 juin 1905 eut lieu au Parlement norvégien (le Storting) une séance extraordinaire au cours de laquelle le premier ministre, Christian Michelsen, présenta la démission de son gouvernement. Le roi de Suède, Oscar II, qui n'exerçait son pouvoir sur la Norvège que par l'intermédiaire dudit gouvernement, se trouvait ainsi démis de ses fonctions royales. Le Parlement adopta alors, à l'unanimité, une déclaration qui conférait au gouvernement déchu le pouvoir « d'exercer l'autorité revenant au Roi selon la Constitution et les lois du Royaume de Norvège - avec les changements nécessaires du fait de la perte, par le Roi, de sa souveraineté sur le territoire norvégien, laquelle met un terme à l'union de la Norvège et de la Suède sous une seule couronne ». Par le biais de cette clause secondaire, la Norvège rompait ainsi son union avec la Suède.
En 1814, la Norvège s'était trouvée précipitée dans cette union, après avoir été détachée du Danemark dans le sillage des guerres napoléoniennes. Les Norvégiens, en proclamant leur propre Constitution, le 17 mai 1814, s'étaient certes révoltés contre cette nouvelle dépendance imposée. Mais bien que cette initiative eût permis au pays d'acquérir un certain degré d'autonomie, l'Etat norvégien n'en avait pas moins été contraint d'entrer dans une nouvelle union - plus ou moins assortie, il est vrai, d'une marge de liberté -, regroupant deux nations sous une même couronne, avec un corps diplomatique commun. Du point de vue formel, ce statut avait été officialisé par le Riksakten de 1814, la "charte du Royaume".
Les années 1890 avaient vu croître les germes du conflit entre les deux membres de l'union. Des tendances nationalistes s'étaient fait jour de part et d'autre de la frontière, s'appuyant sur des motifs politiquement très divergents. L'esprit protectionniste, de plus en plus marqué du côté suédois, avait nui aux relations commerciales entre les deux pays. En Norvège, les partisans de l'union s'étaient vus par là-même contraints d'abandonner l'argument des bénéfices économiques que cette situation pouvait apporter à leur pays. Après 1895, les deux nations s'étaient l'une et l'autre lancées dans des efforts militaires substantiels.
Dès le début de l'année 1905, l'union apparut sur le bord de la rupture. Le premier ministre en exercice, Francis Hagerup, démissionna, faute de pouvoir négocier plus avant avec la Suède au sujet de la création d'un corps diplomatique norvégien. Un nouveau gouvernement fut alors formé par Christian Michelsen. Le héros national Fridtjof Nansen publia dans la presse étrangère une série d'articles destinés à éclairer l'opinion publique et à expliquer les revendications norvégiennes. En mai, les membres du Parlement adoptèrent un projet de loi portant sur la création d'un corps diplomatique norvégien, sachant pertinemment que le roi Oscar II n'en approuverait pas le principe. Le 27 mai, le refus royal parvint aux intéressés, marquant la rupture complète entre le Roi et le gouvernement - et donc entre la Suède et la Norvège. Les deux nations s'efforcèrent de gagner à leur cause les grandes puissances que comptait alors l'Europe, mais aucune ne souhaitait s'engager dans une guerre en Scandinavie.
Une commission spéciale mise en place au Riksdag (l'assemblée nationale suédoise) parvint à la conclusion que la Suède pouvait accepter la dissolution de l'union, mais que la question devait être préalablement soumise à un référendum en Norvège, et que les conditions de la dissolution éventuelle devaient être négociées. Cette recommandation fut adoptée par le Riksdag. Le référendum, qui se déroula en Norvège,le 13 août, révéla une écrasante majorité en faveur de la dissolution de l'union.
NOTE : Le référendum eut lieu en août 1905. 368 392 Norvégiens se prononcèrent pour la dissolution et 184 furent contre. Le 18 novembre 1905, le Storting proclama le prince danois Charles roi de Norvège. Il prit le nom de Haakon VII. Après sa séparation d'avec la Suède, la Norvège connut une période d'expansion économique qui dura jusqu'à la Première Guerre mondiale, en 1914.
Source : clic.
Les négociateurs norvégiens et suédois se réunirent à Karlstad, le 31 août. Au nombre des sujets à traiter se trouvaient un certain nombre de questions délicates, comme celle du statut des forteresses militaires norvégiennes situées le long de la frontière. L'atmosphère s'avéra très tendue et les débats furent intenses, mais ils aboutirent à un compromis connu aujourd'hui sous le nom d'Accord de Karlstad. Ce texte, après avoir été controversé en Norvège, finit par être adopté par le Storting. Le Riksdag, de son côté, approuva l'accord sans recourir au vote. Le 16 octobre, la même assemblée vota la reconnaissance de la Norvège en tant que nation indépendante, et le 27 octobre, l'Accord de Karlstad fut enfin signé. Oscar II renonçait, dans le même temps, au trône de Norvège.
La nouvelle nation eut alors à débattre de la forme de gouvernement dont elle souhaitait se doter. Un second référendum se tint les 12 et 13 novembre. Il avait pour objet le choix entre la monarchie et la république. Une forte majorité se dégagea en faveur de la monarchie. Le candidat choisi pour accéder au trône fut le Prince Carl de Danemark, marié à l'une des filles d'Edouard VII, qui régnait alors sur la Grande-Bretagne. Le prince et sa famille arrivèrent en Norvège le 25 novembre. Deux jours plus tard, il adopta le nom de Haakon VII, et prêta serment devant le Storting, promettant de veiller au respect de la Constitution.
Quels sont les facteurs qui rendirent possible, sans recours aux armes, cette dissolution de l'union entre la Suède et la Norvège ? Le principal réside dans le fait que les protagonistes qui participèrent aux négociations étaient des modérés, mus par la volonté de parvenir à un compromis. Si les négociations avaient échoué, la guerre aurait vraisemblablement éclaté. La Norvège et la Suède venaient l'une et l'autre de renforcer leurs dispositifs de défense, mais la machine de guerre suédoise n'en conservait pas moins, et de loin, sa supériorité. Parmi les scénarios possibles, on peut imaginer que les forces norvégiennes se seraient efforcées de parer suffisamment longtemps à l'attaque suédoise pour permettre aux grands pays européens d'intervenir et de négocier la paix. Autre hypothèse : l'agression et l'occupation suédoises auraient commencé par remporter la victoire, mais les Norvégiens continuant à riposter, le conflit aurait risqué de s'éterniser. La Suède aurait eu bien peu à gagner à mener une telle guerre. Sans doute les Suédois en étaient-ils conscients dans une large mesure. Aussi toutes les parties impliquées finirent-elles par être convaincues que la meilleure solution était bien la dissolution pacifique d'une union qui, de toute évidence, n'avait plus de sens.
Øystein Sørensen
Ce texte se trouvait sur le site de l'ambassade de Norvège au Canada jusqu'à l'été 2009.
Il est intéressant de noter que dans la dernière version de l'histoire de la Norvège publiée sur le site de son ambassade à Ottawa, on escamote la façon dont le parlement a proclamé unilatéralement son indépendance en juin 1905.
C'était très explicite dans le document ci-dessus par l'historien Sørensen qu'on a fait depuis disparaître du site. Mais je l'avais par chance enregistré pendant l'été 2009.
Pourquoi a-t-on retiré du site de l'ambassade canadienne ce texte très clair sur la façon démocratique par laquelle la Norvège a accédé à l'indépendance??? La question se pose pour nous...
Le cas de la Norvège devrait être infiniment mieux connu par tous les Québécois...
OBSERVATIONS
Ce document officiel nous apprend que le parlement de Norvège décida unilatéralement, le 7 juin 1905, de devenir indépendant de la Suède. C'est par un geste de rupture que cela se fit, un geste qui fut ensuite approuvé massivement par le peuple au moyen d'un référendum.
Le tout se déroula pacifiquement, sans que la Suède, contrairement au Canada envers le Québec, ne gaspille des sommes fabuleuses et viole honteusement toutes les lois pour tenter d'acheter la conscience des Norvégiens avec leur propre argent...
Depuis ce temps, les peuples norvégien et suédois vivent l'entente la plus cordiale possible, dans le respect mutuel de l'indépendance de chaque pays, au sein d'une véritable confédération scandinave, dans une prospérité qui fait l'envie du monde entier.
Pourquoi n'en serait-il pas de même pour les peuples canadien et québécois ?
Le peuple québécois serait-il moins capable que le peuple norvégien de s'occuper lui-même de ses affaires?
N'avons-nous pas démontré que nous le sommes dans divers domaines quand nous le voulons vraiment ?
Si nous le voulons vraiment, ne pouvons-nous pas nous débarrasser une fois pour toutes de cet esprit misérabiliste encore trop présent parmi nous et entretenu par des gouvernements soumis à une volonté extérieure?
Il s'agit de se mettre résolument au travail, dans tous les secteurs et tous ensemble.
Ça ne se fera pas tout seul; ça demande du courage et c'est urgent.
* * *
* * *
* * *
* * *
* * *
* * *