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jeudi 7 mai 2020

LE PROBLÈME DE L’EXCEPTION HUMAINE


LE PROBLÈME DE L’EXCEPTION HUMAINE

Jean-Luc Dion,
ing., D.Sc.

Le Cercle Est-Ouest de Trois-Rivières m'avait invité à exposer quelques idées personnelles sur l'homme dans l'Univers à sa rencontre du 4 mai 2009.

CERCLE EST-OUEST - Numéro 23 - 29 mai 2009 
LA QUINZAINE EST-OUEST
Un cercle de philosophie de la ville de Trois-Rivières animé
par quelques professeurs et amateurs de philosophie dont le regretté Pr Yvon Paillé.


Dans les centaines de millions de galaxies connues qui comportent chacune des dizaines
sinon des centaines de milliards de système planétaires,
rien n'est fondamentalement différent de qu'on trouve dans notre galaxie.
Il s'ensuit normalement et logiquement que la Vie,
sous une infinité de formes, est répandue dans tout l'Univers. 
 
Dans le texte ci-dessous, je répondais à quelques remarques de M. Paillé, le lendemain de la conférence.
   
Je ne veux faire ici que quelques brèves observations, sans aucune prétention, car je ne suis ni philosophe, ni grand physicien. Je ne suis qu’un modeste ingénieur physicien qui ose avancer quelques opinions et hypothèses inspirées par ses réflexions et une expérience limitée.

NATURALISME

  Si être naturaliste c'est avoir un immense respect, un respect quasi-religieux pour la nature, je pense que je suis naturaliste, bien que je n'aie pas de connaissances approfondies en biologie. Comme je l'ai dit l’autre soir, la petite fourmi mérite, en principe, essentiellement autant de respect que la baleine ou l'être humain, du fait qu'elle est un des merveilleux résultats de la vie régie par la Nature (avec un N majuscule). Mais, bien sûr, si j’avais le choix d’éviter d’écraser une fourmi ou un enfant, mon choix en faveur de ce dernier serait immédiat : il y a tout de même des degrés dans le respect de la vie, et saint François d’Assise serait sans doute du même avis. Mais, tout scientifique que je sois, je ne suis pas scientiste, dans le sens de considérer la science comme un substitut à la spiritualité, comme une réponse finale à toutes les questions existentielles.

   Cela découle de ma perception de la Nature ou de l'œuvre de Dieu, une entité qui est absolument hors de notre portée : à mon humble avis, l'esprit humain est et sera toujours absolument incapable de saisir le sens de la Nature ou de Dieu. Nous ne pouvons avoir qu'une perception anthropomorphique de la notion de « Dieu », donc essentiellement limitée. À mon sens, il est aussi prétentieux de vouloir décrire les intentions de Dieu que de nier son existence à moins, bien sûr, de s’appuyer sur une révélation qui requiert la foi sans véritable preuve...

   D’ailleurs, si j’ai bien compris les leçons de ma jeunesse, avoir la foi c’est croire sans preuve. C’est là un débat dans lequel je ne veux pas entrer par respect pour ceux qui ont la foi. Je fais allusion à ceux qui ont une foi sincère et non agressive, qui ne tentent pas de l’imposer par la force, cause de malheurs. 

   Croyant que pratiquement rien ne soit impossible, j’admets qu’il puisse y avoir une authentique Révélation. Mais, considérant notre place tout à fait insignifiante dans le vaste univers connu où peuvent se trouver des millions de civilisations comparables ou supérieures à la nôtre, il me semble hautement improbable qu’un Dieu transcendant nous ait choisis à l’exclusion de tous les autres, à moins que ce contact soit la norme dans l’Univers. Je discute de nos probables frères extra-terrestres plus bas.

L’ABSOLU ET UN PARADOXE ÉTONNANT

   Ce que je perçois, c'est un Absolu en lien d'une façon indescriptible avec tous les éléments de cet Univers infini, et même instantanément, plus ou moins dans notre sens de l'instantanéité. Cet Univers serait un Tout en effet, infini, sans début ni fin. Le début et la fin de quelque chose sont des notions qui nous viennent de notre propre finitude dans le temps et dans l’espace... 

   Dans l’état actuel des connaissances en astronomie, en particulier depuis la photographie de lointaines galaxies par le télescope orbital Hubble, il est de plus en plus plausible que l’Univers soit infini dans le temps et dans l’espace. Je suis prêt à parier que le prochain télescope orbital qui permettra de voir au moins deux fois plus loin révélera essentiellement des millions de galaxies semblables aux précédentes [1].

   À ce sujet, permettez que j’ouvre une parenthèse. Selon une théorie cosmologique qui est maintenant fortement mise en doute, notre univers serait le résultat d’un « gros Bang » produit par on ne sait quoi ni comment dans un passé qu’on estime à environ 14 milliards d’années : « L'âge de l'univers peut s'évaluer par plusieurs méthodes plus ou moins directes, qui convergent toutes vers une valeur de l'ordre de 15 milliards d'années. L'estimation aujourd'hui la plus précise est déduite des données du satellite artificiel WMAP et donne 13,7 milliards d'années. » [2]. 

   Or, considérant que les galaxies les plus lointaines que le télescope Hubble a pu photographier dans toutes les directions se trouvent à environ 13 milliards d’années-lumière (image ci-dessous), on est en face de ce qui me semble une absurdité évidente que personne n’a fait remarquer à ma connaissance. En effet, il semble absolument impossible que ces galaxies soient le résultat du « gros Bang » dont il est question. 

   Tout simplement parce qu’elles ne se distinguent essentiellement pas de celles qui sont beaucoup plus près de nous à quelques centaines de milliers ou quelques millions d’années-lumière, et qu’on les voit telles qu’elles étaient il y a quelque 14 milliards d’années, alors qu’une galaxie prend des milliards d’années à se former. Elles pourraient donc être apparues des milliards d’années avant l’hypothétique « gros Bang ». D’ailleurs, il aurait fallu que la matière expulsée par ce cataclysme pour former ces lointaines galaxies se déplace à une vitesse très supérieure à celle de la lumière, ce qui ne tient pas debout. Je referme la parenthèse.

Photographie montrant une infime portion du ciel photographiée par le télescope orbital Hubble. On y voit des milliers de galaxies de toutes sortes qui sont les plus lointaines jamais photographiées : jusqu’à 13 milliards d’années-lumière. Chacune de ces galaxies contient en moyenne quelques centaines de milliards d’étoiles qui ont presque toutes des planètes en orbite. 
Source : http://hubblesite.org/gallery/album/the_universe
De sérieuses questions qui posent à  partir de cette constatation, c'est certain...

   Or, nous avons un besoin naturel, inné, de situer les choses dans le temps et dans l'espace. Mais, dans la perspective d'un monde infini obéissant à des lois fondamentales immuables et très largement inconnues, comme la loi de production minimale d'entropie par exemple (loi essentielle de survie décrite par Ilya Prigogine), à laquelle j’ai déjà fait allusion, aucune « intervention » divine ad hoc et spécifique ne semble nécessaire car ces lois régissent l’interaction et l’évolution des choses. 

   Toutefois ceci n'exclut pas l'existence de Dieu, un Être ou Entité parfaitement incompréhensible et inaccessible... D’ailleurs, à quel endroit particulier pourrait-il bien se trouver dans la photo précédente montrant des milliers de galaxies, certaines se trouvant à 13 milliards d’années-lumière dans une portion très limitée de l’espace ? Pour ma part, je suis porté à le voir en tout point, dans chaque particule et dans chaque être.

   D’après nos connaissances actuelles, une forte proportion de ces étoiles auraient un système planétaire. Parmi ces planètes, de nombreuses ont sans doute des conditions favorables à l’apparition de la vie : grosseur comparable à celle de la Terre, distance appropriée de l’étoile (soleil), présence d’eau en bonnes quantité, etc. On en a déjà repéré plusieurs (2021). Si une proportion beaucoup plus faible, disons une sur un milliard, peut supporter des formes de vie évoluées comme l’espèce humaine, on se retrouve avec des centaines de millions de civilisations probables dans cette infime portion du ciel photographiée : comparable à une pièce de dix sous vue à deux mètres ! Mais il faut admettre qu’il puisse s’agir de formes de vie assez différentes de la nôtre.

   Je crois qu’il faut sans cesse poursuivre avec modestie l’avancement des sciences qui permet une certaine compréhension du monde qui nous entoure, et qui peut fournir quelques pistes vers notre raison d’être. Il me semble que les sciences en fournissent un moyen essentiel qu’il est absurde de dédaigner comme le font certains philosophes. Le danger est, bien sûr, de vouloir se croire tellement fort qu’on aille à l’encontre des lois de la nature (ou lois de Dieu) : c’est justement ce qu’une partie de l’humanité est en train de faire en agressant notre milieu de vie par des exploitations et des inventions humaines faites sans réfléchir, avec les conséquences dramatiques qu’on commence à observer. Ne dit-on pas que le plus grand péché est cette forme d’orgueil qui fait qu’on nie Dieu ou qu’on désire devenir son égal ?…

HUMANITÉ UNIVERSELLE

   De plus, il est bien probable que ces possibles civilisations que j’évoquais ci-dessus se retrouvent dans tous les états imaginables de développement. Certaines doivent être très primitives, alors que d’autres doivent avoir atteint un degré d’évolution extrêmement avancé que nous pouvons à peine imaginer. Il est même probable que plusieurs soient formées d’êtres qui nous ressemblent beaucoup sur les plans physique et biologique… Des êtres aussi évolués doivent avoir réussi à se débarrasser largement des tares et vices à l’origine de tant de malheurs qui affectent notre pauvre humanité.

   On peut même penser que certaines de ces civilisations avancées maîtrisent des propriétés du temps et de l’espace que nous devinons à peine dans la théorie quantique de la physique. Une maîtrise qui permette, par exemple, de voyager très rapidement d’un système stellaire à l’autre ou d’une galaxie à l’autre, dans un temps beaucoup plus court qu’une vie normale [voir plus bas].

UNE ORIGINE EXTRA-TERRESTRE ?

   C’est ainsi que l’espèce humaine aurait pu essaimer dans l’Univers. Nos « premiers parents », les premiers humains sur Terre, ou du moins certains des premiers humains sur Terre, ne pour-raient-ils pas être d’origine extra-terrestre ? Le mythe du « Paradis perdu » pourrait fort bien en découler, de même que celui du « péché originel » ! 

   Imaginons un couple d’individus ou un petit groupe qui auraient transgressé très gravement une des lois essentielles qui permettent à une civilisation d’atteindre et maintenir un degré suprême de développement et de paix. Ne peut-on pas imaginer qu’une punition infligée puisse être l’exil sur une planète primitive comme la Terre il y a quelques dizaines de milliers d’années ? Ces exilés, alors plongés dans un monde tel que le paléolithique et rapidement incapables de reproduire les techniques de leur monde d’origine, vivraient une vie très pénible en transmettant la mémoire d’un paradis perdu à leurs enfants nés dans le dénuement complet… Un beau sujet d’expériences pour ces civilisations !

DE LA RELIGION

   Pour moi, les religions me semblent des systèmes inventés par les humains dans leur besoin inné d’explication du Monde, d'assurances, de règles à suivre devant les défis de la vie et de la mort. Les « révélations » ne pourraient-elles pas être le fait d'êtres humains particulièrement doués qui ont deviné ou « compris » dans une certaine mesure le sens de notre existence ? Certains, comme Jésus et Bouddha, ont poussé très loin cette compréhension et son exposé simplifié pour l’humanité. D'autres comme Mahomet en sont restés à des concepts et des préceptes plutôt populistes, dirigistes et rigides... Alors, si la religion est un système inventé, comment pourrait-elle témoigner d’un absolu autre que le monde ?

   Dans l’hypothèse d’une origine extra-terrestre de l’humanité, la religion ne pourrait-elle pas permettre la perpétuation d’une promesse faite aux exilés de revenir les chercher un jour et de les ramener dans leur monde d’origine après une période d’expiation plus ou moins longue pouvant se mesurer en dizaines ou en centaines de milliers d’années ? Selon cette hypothèse, on peut également penser que Jésus, comme d’autres prophètes, ait pu être un envoyé dont la mission était d’évaluer l’expérience, de voir comment avaient évolué les exilés et leur rappeler la possibilité d’un retour éventuel dans leur lieu d’origine…
En tout cas, il est certain que la religion en général fournit une raison d’être et d’espérer pour la majorité des humains. Mais espérer quoi ! Un pur matérialiste ne peut rien espérer au-delà de sa propre vie finie qu’il ne peut pas comprendre. 

   Hélas ! La religion est aussi une cause historique de grands malheurs quand le dogmatisme et le fanatisme s’en mêlent… La religion fait-elle plus de bien que de mal ? Je suis porté à le croire quand je vois tant de personnes religieuses qui se sont vouées au bonheur des autres au cours de l’Histoire. Mais je serais en peine de le prouver… Personnellement, je ressens Dieu dans l’Univers qui serait effectivement sa substance, son essence. Nous en serions une partie intégrante, infime et indissociable, éternellement régénérée, avec une certaine « mémoire » de ses états antérieurs inscrite dans la matière.

L’ÂME ET LES ÊTRES

   Si on définit l’âme comme étant ce qui anime un être vivant, c’est-à-dire un être qui se reproduit, il s’ensuit que tous les êtres vivants ont une âme, de la fourmi à l’éléphant. C’est peut-être autre chose, mais je l’ignore ! D’ailleurs, la nature profonde de ce que nous appelons la vie nous échappera probablement toujours, du moins sur cette Terre. Or, l’être humain étant apparemment le seul sur Terre à pouvoir réfléchir, élaborer des concepts et les communiquer, il me semble assez normal qu’il se soit attribué l’exclusivité d’avoir une âme éternelle en rapport avec le « sacré » : serait-ce un anthropocentrisme naturel ? D’où le besoin de récompense ou de punition après la mort dans ce monde.

   Il me semble assez normal d’imaginer un Dieu qui ressente de l’amour pour nous, bien que je n’en voie pas vraiment la nécessité pour être heureux, dans la mesure où l’on s’efforce de respecter les lois de la nature, dont les « commandements de Dieu » reçus (ou composés) par Moïse me semblent être une codification. L’être humain ne me semble pas radicalement différent des autres vivants. Je crois que c’est une question de degrés. Quelques primates semblent plus intelligents que certains humains considérés comme normaux… Il leur manque un langage complexe, mais ils savent quand même communiquer entre eux. Plusieurs ont même acquis la capacité de communiquer leurs sentiments et leurs besoins aux hommes. À ce sujet il est intéressant de lire l’histoire des singes macaques de l’île de Koshima au Japon qui ont appris à laver leurs patates et qui se transmettent maintenant cette pratique [3]. De même, les cétacés, particulièrement les dauphins et les otaries, semblent fortement doués. Rien ne nous dit qu’ils soient incapables de réfléchir sur leur condition dans une certaine mesure.

   La notion d’une âme qui rejoint Dieu après la mort ne peut-elle pas découler du besoin naturel de durer ? Mais je ne nie pas la possibilité d’une âme éternelle. D’ailleurs, la notion d’âme éternelle se rattache à cette possibilité à laquelle je suis porté à croire de l’existence pratiquement simultanée de chacune de nos particules élémentaires à un grand nombre d’endroits dans l’Univers (j’y reviens plus loin). Dès qu’il y a vie il y aurait donc âme…

   Il convient aussi de s’interroger sur la possibilité que les humains soient le résultat d’une évolution à partir d’un être comme celui dans la photo ci-dessous selon la théorie de l’évolution de Darwin et de ses adeptes. Je ne nie pas l’évidence de l’évolution et de la sélection naturelle, mais, comme je l’écris plus haut, je crois possible une origine autre pour certains êtres vivants sur Terre, sinon pour tous. 


Un fossile de Dickinsonia, une créature vieille de 558 millions d'années, sur une photo non datée fournie par l'Australian National University. © Ilya Bobrovskiy, Australian National University, AFP 
   Une civilisation qui maîtriserait certaines propriétés du temps et de l’espace que la physique quantique laisse entrevoir pourrait fort bien essaimer dans l’Univers en des temps relativement courts, sur des distances fantastiques : c’est encore une hypothèse, mais on parle sérieusement depuis quelque temps de « téléportation quantique » [4].

   Les traces de ces humains extraterrestres pourraient bien être celles-ci :
« Un nuevo cráneo agita el debate de la evolución humana.» 
https://elpais.com/sociedad/2013/10/17/actualidad/1382021913_726709.html 
« L’origine et l’avenir de l’homme » 
http://www.astrosurf.com/luxorion/bioastro-origine-avenir-homme2.htm
   Vous écrivez ceci qui rejoint d’une certaine façon ce que je crois : « Une chose est certaine : le sujet charnel pensant, souffrant, sentant, aimant que je suis, est non seulement pris dans le monde et dans l'humanité, avec laquelle il est solidaire, mais il est en rapport avec un Tout Autre, qui s'est fait connaître à l'humanité par le peuple juif, la Bible, l'Église, et qui attire les humains à un dépassement de la nature. Non pas à rejeter la nature, mais à la pousser jusqu'au bout, et à la dépasser par en haut (pour ainsi dire de manière imagée).»… 

   Mais pour moi, nous serions plutôt une partie intégrante de cet « Autre ». Ce serait notre besoin de personnaliser et notre ignorance de la nature qui nous amèneraient à concevoir un « Autre » comme auteur de tout ce qu’on voit. C’est sans doute bien prétentieux de ma part d’écrire de telles choses…

LA DISCONTINUITÉ DU TEMPS

   Comme j’y ai déjà fait allusion, cette possibilité de déplacement rapide et quasi instantané dans l’Univers, évoquée plus haut, peut découler de la discontinuité du temps qui fait partie de la théorie quantique de la matière [5], et qui a déjà été considérée par Gaston Bachelard. Incidemment, mes études en physique quantique au temps de ma folle jeunesse m’ont amené à ce genre de considérations il y a de nombreuses années : je l’ai étudiée dans le magistral manuel du Résistant Albert Messiah [6] qui a largement contribué au développement de la physique quantique en France à partir de 1950 d’après l’enseignement personnel de Niels Bohr, l’un des fondateurs de cette branche de la physique. Il faut dire qu’un élément fondamental de la mécanique quantique est la fameuse équation d’onde de Erwin Schrödinger [7], elle-même basée sur les travaux de Louis de Broglie, qui attribue une nature probabiliste aux particules, sans rien présumer de la réalité de celles-ci ». 

   Messiah écrit d’ailleurs dans son livre : « Il est certain que la représentation d’un système quantique par sa fonction d’onde choque par son caractère abstrait et que l’interprétation statistique qui en est donnée est difficile à saisir intuitivement; cependant, lorsqu’on cherche à se représenter les phénomènes microscopiques de façon plus concrète et plus accessible à l’intuition, on se heurte toujours à quelques contradictions. »

   En physique quantique, la notion de temps est fort différente de celle de la physique « classique ». En fait le temps intervient comme une grandeur qui ne peut être mesurée qu’avec une imprécision qui dépend de l’imprécision avec laquelle l’énergie du système (ou particule) observé peut être mesurée ! Et c’est la « constante de Planck » h qui relie ces deux imprécisions. Cette constante est à la base de la physique quantique (*).
(*)  h = 6,626 070 15 × 10−34 J s4

   En fait, une grande partie de la physique quantique s’élabore sans faire appel au temps ! On peut aussi mentionner qu’il est encore impossible de se faire une représentation des particules dites élémentaires : électron, proton, neutron, etc. qui se manifestent expérimentalement de diverses façons très conformes à la théorie, mais sans qu’on puisse les imaginer. On sait que l’atome le plus simple, celui de l’hydrogène, est formé d’un proton et d’un électron. On sait que dans cet atome, l’énergie de l’électron ne peut avoir que des valeurs discrètes à l’exclusion de toutes autres, comme dans tous les autres atomes ou molécules.

   On sait que, laissé libre, un atome n’évolue essentiellement pas : le temps n’a pas de signification ! On pourrait même dire qu’il est éternel, du fait que l’Univers serait éternel. Divers faits expérimentaux indiquent également que les atomes, et donc la matière, sont pratiquement vides à l’image de l’univers interplanétaire, interstellaire et intergalactique. On peut finalement se demander ce que peut signifier une possible discontinuité du temps. Je m’interroge depuis longtemps sur les conséquences de cette hypothèse qui est généralement évoquée de façon très nébuleuse, tant par les physiciens que par les philosophes [5].

   À mon avis, cela signifierait que toutes les particules élémentaires existent de façon discontinue pendant un temps extrêmement court Dt qui aurait été estimé à environ 10^-41 seconde (1 sur 1 suivi de 41 zéros) dans l’univers que l’on perçoit d’après des études en physique théorique dont je n’arrive pas à retrouver la trace. Comme chaque centimètre cube de matière peut contenir un nombre de particules qui dépasse largement 10^20, il est normal que cette discontinuité soit imperceptible et que les objets soient solides, liquides ou gazeux. Mais, comme la quantité de matière ou d’énergie doit être logiquement une constante, il faut qu’une particule existe « ailleurs » quand elle n’est pas « ici » ! 

   Comme l’intervalle Dt est court, il peut donc y avoir, à la limite, un nombre incroyablement grand d’«ailleurs» : environ 10^41, l’inverse de Dt. Mais, tout compte fait, ce nombre n’est pas tellement grand si l’on considère que le volume de notre petite Terre n’est que d’environ 10^30 millimètres cubes! Si 1 mm3 d’eau contient environ 3 x 10^19 molécules, un volume d’eau égal à celui de la Terre contient environ 3 x 10^49 molécules. 

   Or notre planète est un rien à l’échelle de l’univers connu. Donc, selon cette hypothèse, quand une particule n’est pas ici elle apparaîtrait successivement dans de nombreux « ailleurs » qui seraient autant d’univers « coexistants » dont nous sommes totalement inconscients ! Elles pourraient donc faire partie d’autres êtres ou objets dans autant d’univers parallèles, infinis et imperceptibles… Mais ceci reste à démontrer !

CONCLUSION

Ces quelques brèves considérations relevant de la physique auront peut-être indiqué que le concept d’un Dieu qui nous aime, nous Terriens, n’est peut-être pas absurde, mais qu’il est difficile à concilier avec un univers physique infini et éternel. Mais, si nous faisons partie intégrante de Dieu et que sa manifestation visible est l’Univers infini, nous ne pouvons, pour être heureux, que respecter tout ce qui nous entoure y compris nous-même, d’où les « commandements de Dieu » ? Ce que je crois plutôt inconcevable est la notion que nous, humains, serions la seule espèce pensante dans un Univers créé pour nous.

[1] Galaxies : ensembles de différentes structures qui peuvent être formées de plusieurs centaines de milliards d’étoiles d’une très grande variété.
Voir, par exemple :
http://www.astronomes.com/
[3] http://www.voyagesphotosmanu.com/communication_chimpanze.html
* https://cine-scene.ca/nouvelle-6/
Mais ce n’est pas tout : la chose la plus surprenante observée par ces scientifiques fut le fait que l’habitude de laver les patates douces se transmit de façon inexpliquée et simultanée à des colonies de singes habitant d’autres îles ainsi qu’à la troupe de singes de Takasakiyama sur le continent qui commencèrent aussi à laver leurs patates douces. C’est ainsi que le macaque japonais fut surnommé le « laveur de patates »…
[5] https://en.wikipedia.org/wiki/Chronon
The Non-Existence of Time, C. J. Ducasse, The Journal of Philosophy, Vol. 22, No. 1 (Jan. 1, 1925), pp. 16-20
https://www.puf.com/Auteur%3AGaston_Bachelard

[6] Mécanique quantique, Albert Messiah, vol. 1, p. 126, Dunod, Paris, 1959.
* https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Messiah
* https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2013/04/30/albert-messiah-de-la-france-libre-a-la-mecanique-quantique_3168761_3382.html
* https://www.canal-u.tv/video/cerimes/albert_messiah_a_l_ecole_polytechnique.4914 :
un remarquable témoignage du Pr Messiah sur son engagement dans
la France libre en 1940, enregistré à l’École Polytechnique de Paris en janviers 2009.
[7] L’équation de Schrödinger: 

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