LA CATASTROPHE - AUTOUR D’UN GRAPHIQUE
Jean-Luc DION [1]
Ingénieur et professeur retraité, Université du Québec à Trois-Rivières
Avril 2022 - juin 2024
À chaque jour qui passe, les mises en garde se multiplient
devant les bouleversements climatiques qui s’annoncent, terribles, et qui
sévissent déjà en divers points de la planète : pensons à la fonte
accélérée des glaciers partout, aux sécheresses désastreuses, à la disparition
de dizaines d’espèces animales chaque année et à celle des forêts, etc. Devant cette
inquiétante réalité, nos politiciens, à la fois sous l’emprise contradictoire
de très gros intérêts et de militants écologistes, se réunissent de temps à
autre dans des conférences mondiales comme la COP-26 de Glasgow à l’automne
2021 et rivalisent de promesses plus ou moins stériles. Même notre Premier
Ministre Legault annonçait récemment un investissement de 5 milliards de
dollars pour remplacer les autobus polluants par des autobus électriques (maintenant oublié), de
même pour les voitures électriques ! Mais on sait bien que cela ne changera rien
s’il n’y a aucune incitation sérieuse à utiliser les transports en commun et sans
mesures draconiennes de réduction de la consommation d'énergie
sous toutes les formes…
Mais il importe de se méfier des illusions entretenues en évoquant les énergies dites 'vertes' et les voitures électriques. En effet, les voitures électriques consomment au total à peu
près autant, sinon plus d'énergie et de ressources que les voitures avec moteur au pétrole.
On en traite plus bas. Et puis, quoi penser
des déclarations des ministres du Canada quand on lit dans La Presse du
3 novembre 2021 « Les principales sociétés pétrolières opérant au
Canada prévoient augmenter leur production de presque 30% d’ici
2030 et n’ont aucun plan détaillé pour réduire leurs émissions de gaz à
effet de serre. »? [[2]]
La situation
Des mesures draconiennes ? Pourquoi ? Le graphique suivant
(figure 1) dit essentiellement tout, si on sait l’interpréter correctement. Ce
graphique de source sérieuse [3],
montre l’évolution de la consommation totale d’énergie sur la planète jusqu’en
2022, de toutes les sources, en térawattheures (le térawattheure est une unité
de mesure d'énergie correspondant à 1012 (10 puissance 12)
wattheures, le wattheure étant l'énergie consommée par un appareil d'une
puissance d'un watt fonctionnant pendant une heure. Il dit essentiellement
ceci :
1. Pendant longtemps la consommation a augmenté de façon exponentielle, c’est-à-dire en doublant à tous les 30 ans, à peu près.
2. À partir de 1990, la croissance est devenue à peu près linéaire jusqu’en 2022, apparemment sous l’effet d’une prise de conscience écologique; et elle a doublé depuis 1975.
Figure 1.a – Évolution de la consommation d’énergie dans le monde.
Ce dernier graphique est à comparer au suivant qui annonce aussi la catastrophe.
En 2021, la population a augmenté de près de 25 millions d'humains sur la planète...
En 2020 jusqu’à
maintenant, à cause de la pandémie de Covid-19, il y a eu une légère diminution de la consommation d'énergie d’environ 4%. Mais la croissance a maintenant repris d’après des sources
comparables [[4]].
Le charbon, le pétrole et le gaz constituent près de 80% des sources d’énergie
actuelles. Les autres sources dites ‘ vertes et modernes’, hydraulique,
solaire, éolienne, nucléaire, etc. constituent le reste.
En ce qui concerne les plastiques, le principal sous-produit du
pétrole, on a pu lire récemment [5]
que : « L’industrie pétrolière a déjà une stratégie de défense
parfaitement au point, qui consiste à stimuler la production de plastique pour
maintenir et faire croître la consommation mondiale d’hydrocarbures. »
La production a pratiquement doublé depuis 25 ans et atteint actuellement près
de 400 millions de tonnes par année pour fabriquer, chaque jour, des
milliards de bouteilles et autres contenants qui vont finir massivement dans
les dépotoirs débordant sur les villes et dans les océans où le volume, dit-on,
pourrait prochainement dépasser celui des poissons…
Les acteurs
Or, il n’y a aucun indice que cette croissance ne se poursuivra
pas, à moins d’une prise de conscience très rapide et des
gestes efficaces à partir de maintenant, après la conférence COP-26 de Glasgow
qui avait lieu récemment, de la part de toutes les nations, surtout de
celles qui polluent le plus : Amérique du Nord, Europe, Chine,
Inde… En effet, une des causes principales de cette croissance est l’augmentation
continuelle du nombre de véhicules automobiles de plus en plus gros, surtout
en Amérique du Nord. C’est sans parler du gaspillage d’énergie sous toutes ses
formes, particulièrement le plastique : les bouteilles et une
multitude d’emballages qui devraient être évités par la vente en vrac.
De toute évidence, rien d’autre que des mesures radicales,
draconiennes, dans tous les pays pollueurs, ne pourront produire un
effet réel, avec une certaine chance d’éviter la catastrophe indescriptible
qui semble autrement inévitable pour toute vie sur notre planète. Mais,
pouvons-nous même en rêver, tellement le dogme de la
sacrosainte « croissance » est enivrant et toxique pour tous
les spéculateurs de la planète ! Tout comme celui de la consommation pour la
majorité du peuple.
Or, on le sait maintenant, les sources d’énergie hydraulique
ont pratiquement atteint un plafond de possibilité dans le monde. D’autre part,
la mise en œuvre des énergies solaire et éolienne requiert des ressources
considérables pour une efficacité effective maximale très
réduite : moins de 25% pour le solaire et moins de 15% pour l’éolienne [6];
et zéro quand il n’y a ni soleil ni vent… Dans ce dernier cas, les moyens de
stockage coûtent très cher et réduisent de beaucoup le rendement global.
L’efficacité étant définie comme le rapport entre la puissance électrique
moyenne produite et la puissance moyenne de la lumière ou du vent reçue.
Par ailleurs, la production de combustibles tels que l’éthanol
et l’hydrogène pour remplacer le pétrole est une illusion technique,
quel que soit le mode de production et d’utilisation car il faut une source
d'énergie pour les produire, et le rendement global est faible. Quant à
l’énergie nucléaire, une civilisation humaine responsable n’aurait jamais dû y
toucher, du fait des terribles conséquence à long terme des déchets dont on ne
sait encore que faire : par exemple, l’ingestion de 20
microgrammes de plutonium 239, un sous-produit des centrales
nucléaires où on en trouve des kilos, suffit à tuer un être humain à coup sûr…
Les moyens
Alors! Quel espoir reste-t-il ? De toute
évidence, cela passe essentiellement par une diminution radicale de
la consommation d’énergie à court terme sous toutes ses formes, et son
corollaire, la simplification du mode de vie des sociétés
les plus développées et le partage équitable avec les autres. Quelles tournures
cela pourrait-il prendre ? Ce qui vient le plus naturellement à l’esprit
devrait être ceci…
- Les gouvernements des pays, surtout les plus
polluants, prennent à très court terme des mesures pour décourager l’usage
des voitures individuelles de toutes sorte en visant, par exemple, une
réduction de 30% à 50% en 5 ans. Cela passe nécessairement par :
- Des campagnes massives d’information sur les
mortels dangers du gaspillage des ressources causant la
pollution et le réchauffement climatique qui entrainent des catastrophes
naturelles; de même que sur la consommation de produits inutiles.
- L’encouragement par tous les moyens du transport en commun, du covoiturage , et de l’utilisation des taxis. Bien sûr, la marche et le vélo
aussi…
- La mise en œuvre de réseaux de transport en
commun vraiment modernes et rapides pour toutes les villes et régions prenant,
par exemple, la forme de nombreux minibus électriques très mobiles,
avec ou sans chauffeur, pour 12 à 16 passagers, gérés par une intelligence
artificielle qui contrôle aussi tous les feux de circulation pour supprimer
les arrêts inutiles (voir l'image à la fin). Ce système étroitement intégré aux divers moyens de
transport, incluant les taxis, géré par une intelligence artificielle, doit
permettre à tout citoyen qui dispose d’un téléphone, et qui désire aller du
point A au point B, sur des distances d’un kilomètre et plus, de le faire
beaucoup plus vite qu’en automobile actuellement, avec un temps d’attente de 5
à 10 minutes.
- Cela inclus le transport interurbain entre les
principales villes par un système ultra-rapide tel que le TGV ou le monorail
à moteurs-roues suspendu, qui est à réaliser depuis 1995 au Québec,
lequel permettrait de faire le trajet Québec-Montréal en moins de 1,5 heure.
Dans l'intérim, on peut accélérer considérablement le déplacement
interurbain en autobus, en utilisant une intelligence artificielle pour
gérer leurs entrées et sorties de ville par le contrôle des feux de
circulation.
- Le remplacement massif du transport par camions par celui en train et en bateau, surtout pour les longs parcours : n'est-il pas totalement irrationnel et inefficace de faire rouler des dizaines d'énormes camions par semaine pour transporter des marchandises de Montréal à Sept-Iles sur la Côte Nord, alors que cela peut se faire beaucoup plus efficacement et économiquement par bateau sur notre spacieux fleuve St-Laurent, en un peu plus de temps ? Les camions sont relativement très inefficaces et détruisent nos routes…
De tels systèmes sont parfaitement possibles à l’heure
actuelle, considérant qu’on fabrique déjà des minibus électriques et des trains
au Québec, avec la capacité d’établir et programmer des systèmes d’intelligence
artificielle.
Le
financement
Forcément, la réalisation de tels moyens de transport nécessite
un financement considérable. Au Québec, nous pouvons considérer deux solutions
à court terme :
- L’abandon de projets tels que la
construction de tunnels et de nouvelles autoroutes, afin d’investir dans l’efficacité et
de véritables solutions modernes, tout en favorisant la fabrication de
véhicules électriques au Québec car les véhicule au pétrole doivent normalement
disparaitre.
- La taxation
équitable et pondérée des véhicules automobiles individuels en
fonction de diverses variables telles que le poids, le prix d’achat, la
consommation d’essence…
- Il est aussi essentiel d’instaurer le péage sur toutes les routes importantes sillonnées par des transports en commun rapides, particulièrement pour les camions. Ce péage pourrait être pondéré de sorte que les gens qui sont obligés d’utiliser leur voiture, du fait qu’ils sont mal desservis par les transports en commun, auraient une réduction bien déterminée. Cette particularité peut être gérée par informatique aux postes de péages, même sans contact. Les espaces de stationnement en ville peuvent aussi être gérés de la même façon, avec des taux dissuasifs.
Tout en sachant bien qu’un problème de fond est le fait que les transports en commun ne sont pas utilisés par une majorité de citoyens qui préfèrent trop souvent être assis seuls dans leur auto coincée dans le trafic, pour laquelle ils s'endettent souvent aux dépens d'autres besoins essentiels.
La figure suivante illustre un mode de taxation qui serait
beaucoup plus juste que l’actuel, et relativement facile d’application. Les
valeurs de Co, Cm, Eo et Em seraient
déterminées par les facteurs précédents.
Actuellement, la taxation des véhicules ne permet pas une
véritable équité, ni un signal dissuasif fort, ni un financement adéquat de
projets de transports modernes. Or, il importe que le pouvoir dissuasif
augmente progressivement avec le poids du véhicule, son prix d’achat, sa consommation d’énergie,
etc.
Les moyens actuels en informatique permettent très facilement
d’améliorer l’équité de la façon indiquée dans le graphique ci-dessus où le
taux de taxation varie de façon continue contrairement aux pratiques actuelles. Les taux indiqués sont
tout à fait arbitraires, mais indicatifs. Il est très facile d’établir
des équations linéaires pour le faire. De plus, selon la façon dont les
citoyens peuvent utiliser les transports en commun, leurs taux de taxation
seront adaptés : plus ils utiliseront les transports rapides, plus leur
taxation sera réduite : cela est facilement pris en compte avec les moyens
informatiques actuels.
En toute logique, les milliards de dollars qui ne seront pas
engloutis en tunnel et autoroutes permettront plutôt de mettre au point de façon
très sérieuse les systèmes décrits plus haut, en étroite coopération avec les
industriels québécois qui ont la capacité de le faire.
Conclusion
L’humanité sur Terre est actuellement rendue à une limite que lui indique clairement l’état de la Nature : elle n’en peut plus de ses agressions ! Les humains doivent agir en êtres responsables de la planète Terre, la seule que nous ayons, et sur laquelle toutes les formes de vie sont actuellement sérieusement affectées...
[1] Jean-Luc Dion, notes biographiques : https://drive.google.com/file/d/1V4zIopwUfNsxZhy3uKJr5NUjMNPJI8cV/view?usp=sharing
[2] https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-11-03/les-petrolieres-canadiennes-n-ont-aucun-plan-pour-le-climat.php?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=algofb&fbclid=IwAR1ZW0srkitBOPuDX8bYaL5jShCPX43u0BTXPdg1aH52Z6fuKzYbEproXH0
-o-o-o-o-o-o-
1 commentaire:
Il faudrait traduire ca en programme politique pour des formations partout dans le Monde, pouvant prendre le pouvoir! Car, un gouvernement suivit du peuple peut avoir le pouvoir sur l'argent: de nombreuses Révolutions l'on démontrer au cours de l'Histoire!
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