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dimanche 24 janvier 2021

AU-DELÀ DES BELLES PAROLES...

Texte envoyé au quotidien Le Devoir et non publié

Page « Idées »
Montréal

   La rectitude politique qui empêche de dire les choses comme elles sont a sans doute agi contre sa publication, car c'est trop simple et clair... 

Sujet : Texte de Gérard Bouchard du 26 novembre.

Au-delà des belles paroles…

    Dans son texte du 26 novembre 2020 dans Le Devoir, sur le déplorable état de notre langue au Québec, « Le français a besoin d’un redressement radical », monsieur Gérard Bouchard écrit ceci qui est très juste : « Sur le plan civique, une langue commune permet d’unir la diversité, d’établir un rapprochement entre les cultures, de permettre à chaque citoyen de s’intégrer pleinement, de jouir de tous ses droits et de participer à la vie démocratique. Au Québec, cette langue ne peut pas être autre chose que le français. » Certes « Le français a besoin d’un redressement radical » !

    Mais, s’il est louable de l’affirmer, il est beaucoup plus important de préciser les mesures essentielles permettant d’en faire une réalité. Ce qui n’est pas le cas actuellement dans ce qu’on lit et entend…

   Or, l'irresponsabilité et l’incurie de pratiquement tous les gouvernements successifs depuis 1977 ont permis à l'État québécois de pratiquer un bilinguisme intégral, illégal et dévastateur dans presque tous ses services. Ainsi, le message très clair envoyé à tous et particulièrement aux immigrants est qu'il n'est pas nécessaire de connaitre et parler le français au Québec.

   On a vu clairement le résultat désastreux s’amplifier au cours des décennies, particulièrement dans la région métropolitaine, comme de nombreuses statistiques récentes le démontrent. La grande majorité des quelque 50 000 immigrants arrivés chaque année au Québec depuis des dizaines d'années sont allés spontanément et massivement du côté de la minorité d'origine britannique qui représente moins de 7% de la population selon les statistiques fédérales, et leurs enfants ont fait gonfler les cégeps et universités anglophones.

   C'est ainsi que la population étudiante des cégeps et des 3 universités anglophones a grandi hors de proportion et qu'il y a maintenant plus de francophones d'origine au cégep Dawson que de véritables anglophones. Ces universités reçoivent actuellement environ 28% des subventions de fonctionnement de l'État québécois, ce qui représente environ 4 fois ce qu'elles devraient recevoir en toute équité par rapport aux francophones du Québec. Pire, on apprenait récemment que notre gouvernement prévoit investir environ 750 millions de dollars pour agrandir Dawson, agrandir l'Université McGill, et donc accélérer un phénomène déjà présent d'anglicisation des étudiants » ! Et qu'il céderait le site de l'ancien hôpital Royal Victoria à l'université McGill ! Ce qui est une pure aberration dans les circonstances actuelles. Le goût du suicide serait-il viral comme le covid-19 !

    Or, il s'impose que le Québec soit aussi francophone que l'Ontario ou la Colombie Britannique sont anglophones. C'est cela qu'il faut réaliser simplement et pacifiquement car toutes les autres approches sont de funestes illusions enveloppées de verbiage stérile. C'est une question de vie ou de mort culturelle. Ce n'est certainement pas en engageant une cinquantaine de nouveaux inspecteurs de l'Office de la Langue française, comme le gouvernement viendrait de le faire, que le Québec pourra fonctionner normalement en français...

    Comme on peut le lire dans la conclusion de l’article récent de Frédéric Lacroix dans L’Action Nationale : « Si nous choisissons collectivement de continuer à nous fermer les yeux et à ne pas agir, l'anglais va s'établir, probablement définitivement, comme langue commune à Montréal.»

    Il n'y a vraiment qu'un seul moyen efficace dans l’immédiat pour que le Québec soit un territoire et un État francophones qu'on respecte dans l’avenir, considérant que le français est la seule langue officielle et que la réalité le nie. Il s’agit essentiellement d’appliquer la charte de la Langue française comme elle doit l’être. Cela se traduit par la proposition suivante qui est une solution équitable et logique qu’il faut avoir le courage élémentaire d’appliquer:

  • La Charte de la Langue française s’exercera dorénavant comme elle doit l'être et l'État québécois communiquera exclusivement en français avec tous les citoyens, tous les organismes et toutes les entreprises du Québec dans tous les domaines. Cela implique que tous les formulaires soient rédigés en français pour le territoire québécois.

    Considérant que le Québec n’a jamais signé la constitution imposée par le Canada, il n’a donc pas à la considérer, ni les jugements de cour qui ne doivent donc pas être reconnus, ce qui est une grave erreur. Éventuellement, sur une base de respect mutuel, le Québec et le Canada pourront signer des accords de réciprocité dans divers domaines, dont l'éducation pour les groupes minoritaires, respectivement anglophones et francophones.

    En ce qui concerne le financement de ces minorités dans le respect mutuel de nos deux nations, dans un esprit de réciprocité profondément respectueuse, on pourra appliquer la règle suivante à partir d’une période maximale de deux années, laquelle nos fonctionnaires pourront facilement et rapidement appliquer avec les puissants moyens informatiques dont ils disposent.

  • Dorénavant, le Québec financera les institutions d'enseignement de la minorité de langue anglaise dont les arrière-grands-parents étaient anglophones ou issus de pays anglophones dans la même proportion moyenne que le Canada anglais (excluant le Nouveau-Brunswick) financera les institutions d'enseignement de la minorité de langue française dont les arrière-grands-parents étaient francophones ou issus de pays francophones.   

À défaut de réaliser cette dernière, on appliquera l’approche suivante :

  • Dorénavant, le Québec financera les institutions d'enseignement de la minorité de langue anglaise dans la même proportion moyenne que le Canada anglais (excluant le Nouveau-Brunswick) finance les institutions d'enseignement de la minorité francophone.

   Dans un esprit de saine réciprocité entre le Québec et le Canada, il me semble donc impératif de mettre en œuvre une de ces dernières propositions.

Jean-Luc Dion

Ingénieur et professeur retraité
Département de Génie électrique et Génie informatique
Université du Québec à Trois-Rivières

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