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samedi 19 juillet 2014

GRAVE ENJEU DE L'ÉDUCATION





|   ÉCHOS  MONTRÉAL   |   NOVEMBRE  2012

éditorial
 
QUAND L'ÉDUCATION FAIT POLÉMIQUE


V
incent Di Candido


L'ÉDUCATION est une question importante. Mais, lorsque nos gouvernants posent des gestes pour la revaloriser et imposer des réformes bien inspirées, ils se heurtent plus souvent qu'autrement à une opposition qui place ses intérêts partisans avant le bien commun. On en a été témoin ces derniers temps avec les prises de position du Parti Libéral contre les mesures du Parti Québécois.

  
L'HISTOIRE NATIONALE

La nouvelle ministre péquiste de l'Éducation, Marie Malavoy, s'est exprimée avec bon sens sur la nécessité de revaloriser l'histoire nationale dans l'enseignement scolaire. Les Libéraux, pour des motifs qu'il est facile de percer, ont fait preuve de beau-coup de laxisme durant leur règne. Dans les salles de classe, l'histoire des deux peuples fondateurs est occultée. Cette situation est un scandale. Comment comprendre la réalité politique d'aujourd'hui si l'on ignore la Conquête ? Ou, plus près de nous, si on ne connaît pas les dessous de l'adoption de la Constitution de 1982 ?

La députée libérale Francine Charbonneau, porte-parole de l'opposition en enseignement primaire et secondaire, s'en est indignée. Elle devrait pourtant se garder une petite gêne. Pour ne pas froisser son électorat anglophone et fédéraliste et ne pas se mettre en froid avec Ottawa, son parti a délibérément fait la sourde oreille aux récriminations fréquentes d'historiens qui ont déploré avec raison, ces dernières années, la mise à l'écart de l'histoire nationale.

L'ÉDUCATION D'UNE ÉLITE PRIVILÉGIÉE

Mme Malavoy a fait preuve du même bon sens dans sa politique sur les écoles privées. On se souvient que la ministre a exprimé son désir d'interdire la sélection dans ces établissements financés par le gouvernement à hauteur de 60 %. Quand on voit l'échec pédagogique et l'apathie qui gangrènent le système d'éducation au Québec, on ne peut qu'être d'accord avec ce coup de barre. D'ailleurs, en Ontario, les écoles privées ne sont pas subventionnées et les frais pour y étudier peuvent s'élever facilement à plus de 25 000 $ par étudiant et pourtant, le système scolaire ne s'en porte pas plus mal. En Europe aussi, le gouvernement ne subventionne pas le privé, ce qui n'empêche pas le système d'éducation de bien se porter et d'être égalitaire.

Certains soutiendront que la sélection est essentielle pour maintenir une masse critique d'étudiants de bon niveau et pour s'assurer que l'apprentissage demeure stimulant pour les étudiants dont les aptitudes sont plus élevées. Or c'est un argument élitiste qui a le défaut de ne pas prendre en compte l'ensemble du problème.

Que fait-on des cas difficiles, qui atterrissent invariablement dans les écoles publiques ? Croit-on que ce fardeau devrait reposer sur leurs seules épaules ? Pensons que, en 2011-2012, le taux d'élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation et d'apprentissage s'est élevé à 20,1 % dans les écoles publiques comparé à seulement 2,6 % dans les écoles privées. La sélection dans les écoles privées a érigé en système le refoulement des élèves en difficulté vers les écoles publiques. C'est surtout vrai à Montréal, où peu d'écoles secondaires publiques offrent un volet international ou particulier pour attirer les meilleurs élèves.

La situation actuelle n'est ni équitable, ni honorable. Puisque les Québécois contribuent par leurs taxes et leurs impôts aux subventions aux écoles privées, on est en droit d'exiger de ces dernières une meilleure collaboration dans la gestion de la diversité scolaire. Le gouvernement, pour sa part, se doit d'offrir un système d'éducation égalitaire à tous les Québécois, quitte s'il le faut à attribuer aux écoles privées une partie de l'enveloppe budgétaire de 1,8 milliard actuellement résere aux écoles publiques pour les élèves en difficulté.

Les écoles privées n'ont pas à jouer les élitistes et à se soustraire au droit égalitaire de l'éducation pour tous.  


SOURCE :  http://www.journalechos.com/echosnovembre2012.pdf


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