| ÉCHOS MONTRÉAL | NOVEMBRE 2012
éditorial
QUAND L'ÉDUCATION
FAIT POLÉMIQUE
Vincent Di Candido
L'ÉDUCATION
est une question importante. Mais, lorsque nos gouvernants posent
des gestes pour la revaloriser et imposer des réformes bien inspirées, ils se heurtent plus souvent qu'autrement à une opposition qui place ses intérêts partisans avant le
bien commun. On en a été témoin
ces derniers temps avec les prises de position du Parti Libéral
contre les mesures du Parti Québécois.
L'HISTOIRE NATIONALE
La nouvelle ministre péquiste de
l'Éducation, Marie Malavoy, s'est exprimée
avec bon sens sur la nécessité
de revaloriser l'histoire nationale
dans l'enseignement scolaire. Les Libéraux,
pour des motifs qu'il
est facile de percer, ont fait preuve de beau-coup de laxisme durant
leur règne. Dans les salles de classe, l'histoire des deux peuples fondateurs est occultée. Cette situation est un scandale.
Comment comprendre la réalité
politique d'aujourd'hui si l'on ignore la Conquête
? Ou, plus près de nous, si on ne connaît
pas les dessous de l'adoption de la Constitution de 1982 ?
La députée libérale Francine Charbonneau, porte-parole de l'opposition en enseignement primaire
et secondaire, s'en est
indignée. Elle devrait pourtant
se garder une petite gêne. Pour ne pas froisser son électorat anglophone et fédéraliste et ne pas se mettre en froid avec Ottawa, son parti a délibérément fait la sourde oreille
aux récriminations fréquentes d'historiens qui ont déploré avec raison, ces dernières années,
la
mise à l'écart de l'histoire nationale.
L'ÉDUCATION
D'UNE ÉLITE PRIVILÉGIÉE
Mme
Malavoy a fait preuve du même bon sens dans sa politique sur
les
écoles privées. On se souvient que la ministre
a exprimé son désir d'interdire la sélection dans ces établissements financés
par le gouvernement à hauteur
de 60 %. Quand on voit l'échec pédagogique et l'apathie
qui gangrènent le système d'éducation au Québec,
on ne peut qu'être d'accord avec ce coup de barre. D'ailleurs, en Ontario, les écoles privées ne sont pas subventionnées et les frais pour y étudier peuvent s'élever facilement à plus de 25 000 $ par étudiant
– et pourtant, le système scolaire ne s'en porte pas plus mal. En Europe aussi, le gouvernement ne subventionne pas le privé,
ce qui n'empêche pas le système d'éducation de bien se porter et d'être égalitaire.
Certains soutiendront que la sélection
est essentielle pour maintenir une
masse critique d'étudiants
de bon niveau et pour s'assurer
que
l'apprentissage demeure stimulant pour les étudiants
dont les aptitudes
sont plus élevées. Or
c'est un argument élitiste qui a le défaut de ne pas prendre en compte l'ensemble du problème.
Que fait-on des cas difficiles, qui atterrissent invariablement dans les écoles
publiques ? Croit-on
que ce fardeau devrait reposer sur leurs seules épaules ? Pensons
que, en 2011-2012, le taux d'élèves handicapés
ou en difficulté d'adaptation et d'apprentissage s'est élevé à
20,1 % dans les écoles publiques comparé
à seulement 2,6 % dans les écoles privées.
La sélection dans les écoles privées a érigé
en
système le
refoulement des élèves en difficulté vers les écoles publiques.
C'est surtout vrai à Montréal, où peu d'écoles
secondaires publiques
offrent un volet international ou particulier pour attirer les meilleurs élèves.
La situation actuelle n'est ni équitable,
ni honorable. Puisque
les
Québécois contribuent par leurs
taxes et leurs impôts aux subventions aux écoles privées, on est en droit d'exiger de ces dernières une meilleure collaboration dans la gestion de la
diversité scolaire.
Le gouvernement, pour sa part, se doit d'offrir
un système d'éducation égalitaire à
tous les Québécois, quitte s'il le faut à attribuer
aux écoles privées une partie de l'enveloppe budgétaire
de 1,8 milliard actuellement réservée aux écoles publiques
pour les élèves en difficulté.
Les
écoles privées n'ont pas à
jouer les élitistes et à se soustraire au droit égalitaire de l'éducation pour tous.
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SOURCE : http://www.journalechos.com/echosnovembre2012.pdf
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