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samedi 22 janvier 2022

CONSCIENCE et ACTION

En avril 2005, dans un échange avec un correspondant, 
je faisais ces réflexions que j'ose partager ici...

Dans « Au commencement était l'action », André Maurois écrit ceci avec quoi je suis profondément d'accord : 

« Le grand homme d'action ne suit pas les chemins battus. Parce qu'il voit ce que les autres ne voient pas, il fait ce qu'ils ne font pas. Sa volonté devient un raz de marée qui balaie les habitudes et les résistances. Conscient, plus que personne, des phénomènes particuliers à son époque, il devine ce qui va naître et en favorise la naissance. L'action politique doit être la sage-femme qui aide une société à mettre au monde le meilleur avenir possible. Son rôle est de sauver la mère et l'enfant.»

  Des hommes ou des femmes qui correspondent à  cette description sont rares dans un siècle. Au cours des deux derniers, on peut penser à Napoléon, à Lénine, à De Gaulle ?  De loin, je préfère ce dernier auquel s'applique parfaitement la phrase «Conscient, plus que personne, des phénomènes particuliers à son époque, il devine ce qui va naître et en favorise la naissance.» La France lui doit son salut en 1940 et sa renaissance formidable à partir de 1958 :  qu'on pense à tous les progrès qu'il a rendu possibles, ne serait-ce que le TGV et Airbus... De plus, il n'était pas un homme qui s'accrochait au pouvoir. Dès qu'il a senti que le peuple ne le suivait plus, il est parti, ce qu'il avait déjà fait d'ailleurs en 1945-46.

  On ne peut hélas ! pas en dire autant de nos politiciens, à de rares exceptions près, comme Jacques Parizeau par exemple. Mais, lui, a fait l'erreur de sa vie en partant après un certain soir d'octobre 1995... Avec ce qu'il savait, et un tel résultat serré, il aurait dû rester et déclencher une vaste enquête pour démontrer la scandaleuse arnaque des unitaristes canadians et french canadians. Je ne doute pas qu'il aurait eu un vaste appui populaire qui aurait pu déboucher sur une déclaration d'indépendance bien avant aujourd'hui. Il avait l'autorité morale pour faire de grandes choses. Il est malheureux qu'il n'ait pas vingt ans de moins... Je le considère un peu comme notre De Gaulle, bien qu'il n'ait pas tout à fait le charisme de ce dernier. Mais il en a plusieurs traits de caractère.

  Quant à Bernard Landry que j'estime pour son honnêteté et ses qualifications, il semble bien que le meilleur de sa carrière est derrière lui, à moins qu'il ne nous révèle dans les prochaines semaines des aspects révolutionnaires et charismatiques insoupçonnés de sa personnalité... Comme c'est peu probable et que nos De Gaulle ou Napoléon sont encore inconnus, nous risquons des périodes assez creuses et misérables.

  Mais, comme écrit encore Maurois : « Les révolutions les plus profondes sont spirituelles. Elles transforment des hommes qui, à leur tour, transforment le monde.» Et encore : « De grands mystiques ont demandé aux hommes de grandes actions et leur ont donné la force de les accomplir. On a dit que la véritable révolution est la révolution d'un seul homme. Plus exactement un seul homme, héros ou saint, peut proposer aux masses un modèle dont l’imitation bouleversera la planète. » 

  Toutefois, je ne vois guère les signes avant-coureur d'une révolution spirituelle à l'heure de «Walmart» et de «MacDo». Et je ne vois pas encore venir celui ou celle qui aurait la force de caractère et l'autorité morale pour provoquer une révolution spirituelle au Québec, qui ferait faire un virage à 180 degrés pour éviter le gouffre qui attend un peuple qui ne se reproduit plus et qui cultive l'égoïsme comme une vertu...

  Or, nos élites (zélites?), qu'elles soient «de gauche» ou «de droite», sont assez massivement retranchées dans leur confort et leur indifférence, comme vous vous plaisez à le souligner (et moi de même). D'ailleurs, qu'est-ce que signifie «gauche» et «droite» ici ?  Balivernes !  On se tient debout, on cherche et on lutte, ou on fait du verbiage comme il y en a trop. 

  Moi-même, j'ai trop souvent l'impression d'en faire avec la forme d'action que j'ai choisie : la diffusion d'informations et de commentaires à une liste de membres du PQ et du BQ, et d'autres personnes un peu partout, en espérant que la lumière jaillisse (je suis un idéaliste impénitent... :-[ ). Une forme d'action que j'ai choisie au cours des dernières années parce que : 

  • je suis encore occupé par un travail d'ingénierie dans l'entreprise que j'ai fondée pour mettre au point une de mes inventions, et que j'aimerais bien voir réussir (malgré que je sois parti officiellement à la retraite de l'entreprise en décembre 2003, et de l'université (depuis 1997) où j'ai fait carrière de professeur et chercheur : vous savez, la grande saignée des secteurs public et para-public... ); 

  • j'ai 67 ans et 45 ans de militantisme derrière moi; 

  • j'aspire à plus de tranquillité afin de m'occuper davantage de mes sept petits-enfants...

Et  je crois comme Jean Jaurès (clic) que 

« Il ne peut y avoir révolution que là où il y a conscience. » 

Ou encore :

« Tout progrès vient de la pensée et il faut donner d'abord
aux travailleurs le temps et la force de penser.
 »

  Voilà !  Excusez mon bavardage... ;-) 

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Vive le Québec libre !

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