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lundi 22 août 2011



Texte de réflexion dans Le Devoir, 22 août 2011 :

Pour des États généraux du mouvement souverainiste

Marc Laviolette et Pierre Dubuc
Respectivement président et secrétaire du SPQ Libre
 
LE DEVOIR  -  22 août 2011  Québec

Parti québécois, Québec solidaire, Parti indépendantiste, Option-Québec, le mouvement souverainiste se fractionne. Le résultat de ce fractionnement est prévisible. Face aux forces fédéralistes, la dispersion va se transformer en débandade, la désunion en déroute.

La responsabilité de Mme Marois

La responsabilité de ce gâchis est certes partagée, mais Mme Marois, en tant que chef des forces souverainistes, doit en assumer la plus grande part. Elle n'a pas été la rassembleuse que ses antécédents laissaient espérer. Sous sa gouverne, nous avons eu droit à des expulsions contrevenant aux statuts (le SPQ Libre est bien placé pour en parler), au filtrage des délégués et des propositions dans la préparation du dernier congrès, à la manipulation au congrès de la priorisation des propositions (le programme du parti ne comprend aucune référence au mouvement syndical parce qu'on a donné priorité à une proposition sur les haltes routières!) et à la reconsidération du vote, lorsqu'une proposition déplaisait à la direction du parti, comme ce fut le cas avec la proposition en faveur de l'unilinguisme dans l'affichage.

Mme Marois a triomphé au congrès. Elle a obtenu la confiance de 93 % des délégués et l'adoption de ses propositions sur la gouvernance souverainiste. Mais, force est de réaliser aujourd'hui que ce fut une victoire à la Pyrrhus. On se rappellera que ce général avait perdu tellement de troupes dans sa victoire contre les Romains que l'historien Plutarque lui prêta cette phrase: «Si nous devons remporter une autre victoire sur les Romains, nous sommes perdus.»

Cependant, à son crédit, nous savons maintenant que Mme Marois peut reconnaître une erreur. Elle l'a fait lors des événements entourant le vote sur l'amphithéâtre de Québec en permettant un vote libre de ses députés sur le projet de loi 204. Bien sûr, elle l'aurait permis plus tôt, elle aurait empêché la démission de membres de son caucus.

Aujourd'hui, Mme Marois promet une large consultation avec les citoyens. On ne peut s'y opposer. Mais ce n'est pas ce que les événements exigent. Nous assistons à l'éclatement des forces souverainistes et à la multiplication des regroupements, mouvements et partis. Aucun parti actuel n'est en mesure de contrer l'effet de ces forces centrifuges. Même Françoise David en fait le constat, devant la création du Nouveau Mouvement pour le Québec, dont l'élément fondamental de son manifeste est un copié-collé du programme de Québec solidaire.

Pour la tenue d'États généraux

Nous pouvons bien discuter aujourd'hui s'il vaut mieux tenir une constituante avant ou après un référendum sur la souveraineté, mais, chose certaine, afin de pouvoir convoquer une véritable constituante, il faut d'abord prendre le pouvoir!

Devant cette situation d'éparpillement des forces indépendantistes, le SPQ Libre croit qu'il faut un point de ralliement au-delà des partis politiques et que celui-ci ne peut être que la convocation des États généraux du mouvement souverainiste.

Mme Marois pourra y défendre sa gouvernance souverainiste, Québec solidaire et le Nouveau Mouvement pour le Québec leur projet de constituante, le député Jean-Martin Aussant pourra y mesurer l'appui que recueille sa proposition de déclaration d'indépendance par suite d'une simple victoire électorale, et ainsi de suite. Les États généraux permettront de confronter les points de vue dans le but de clarifier les objectifs, les stratégies et les formes organisationnelles de la lutte pour l'indépendance du Québec dans le présent contexte québécois, canadien et mondial.

La multiplication des regroupements souverainistes est un signe de la vitalité de l'idée de l'indépendance du Québec. La flamme souverainiste est partout présente. Notre tâche est de la transformer en flambeau. Pour ce faire, la tenue d'États généraux du mouvement souverainiste s'impose. À Mme Marois, la chef actuelle de la plus importante organisation souverainiste, de les convoquer.
Source :  clic.

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Aussi dans Le Devoir du 22 août :

Crise au PQ - Il y a 30 ans, Pierre Bourgault faisait le même constat

Robert Comeau - Historien  -  Le Devoir, 22 août 2011

Pierre Bourgault en 1983, deux ans après sa démission du Parti québécois<br />
Photo : Jacques Grenier - Le Devoir
Pierre Bourgault en 1983, deux ans après sa démission du Parti québécois

Denis Monière, dans Le Devoir du 17 août dernier, affirme que «le Parti québécois a connu sa première dérive idéologique en 1985 lorsqu'il a remplacé la souveraineté par la logique autonomiste de l'affirmation nationale». Je pense qu'il faut effectuer un bref rappel historique pour comprendre que la crise actuelle du projet indépendantiste est contenue en germe dès la création du Parti québécois en 1968.

Il y a trente ans, le franc-tireur de l'indépendance Pierre Bourgault, après sa démission du Parti québécois en 1981, avait fait le même constat que les démissionnaires d'aujourd'hui. Il faut relire le bilan qu'il fait de ses vingt ans de vie politique active, dans ses Écrits polémiques, La politique, tome 1, ouvrage publié une première fois en 1982 chez VLB éditeur et réédité en 1996 chez Lanctôt éditeur.

D'abord le fait que, dès 1967, René Lévesque, en fondant le mouvement Souveraineté-association (MSA), n'ait pas voulu s'unir aux indépendantistes du Rassemblement pour l'indépendance nationale dirigé par Pierre Bourgault contient en germe la crise actuelle. Bourgault milite pour l'indépendance depuis le début des années 60, s'impose comme le principal porte-parole du mouvement et devient président du RIN de 1964 à 1967. Ce tribun indépendantiste exceptionnel, qui s'exprime dans des discours colorés sans la retenue habituelle des politiciens et la crainte des excès de langage, abandonne la direction de son parti dans l'espoir de réaliser l'unité des indépendantistes dans un seul grand parti, alors que Lévesque, quittant le Parti libéral et fondant le MSA, se méfie du RIN clairement décidé à briser le lien fédéral et à mettre fin à notre statut politique minoritaire au Canada et résolument pour la création d'un pays indépendant et progressiste.


Lévesque a un autre projet en tête et se tient loin du radicalisme des indépendantistes. Il cherche même à se faire excuser de son option séparatiste. Il fera d'ailleurs toujours coïncider la naissance du mouvement souverainiste avec la fondation du MSA, exprimant par ce fait même une rupture avec le mouvement indépendantiste.


L'indispensable indépendance


Bourgault adhère pourtant au PQ et tente de s'y faire une place malgré l'opposition de Lévesque et des souverainistes étapistes qui considèrent maintenant les indépendantistes comme des radicaux «purs et durs». Il réussit à se faire élire à l'exécutif du PQ malgré Lévesque en 1971, mais démissionne après un an, désillusionné, car marginalisé par Lévesque au sein du parti et ne pouvant intervenir comme il le souhaitait pour mettre en avant l'indépendance du Québec.


Ses arguments pour l'indépendance se retrouvent dans le programme électoral du RIN de 1966, qui n'est pas un programme de bon gouvernement provincial. Bourgault est très clair: «On s'apercevra vite à la lecture de ce programme que les solutions sont presque toutes irréalisables sans cet instrument essentiel qui s'appelle l'indépendance. C'est l'indépendance qui nous fera récupérer les pouvoirs et l'argent nécessaires pour appliquer notre programme, dans tous les domaines. Sans cet instrument, toute bataille devient futile, tout effort est vain.» (Écrits polémiques, tome 1, réédition 1996).


À ceux qui disaient alors qu'il fallait attendre les conditions gagnantes, Bourgault répondait: «Ceux qui le disent s'imaginent que l'indépendance est une récompense pour les peuples parfaits. Bien au contraire, l'indépendance est l'instrument des peuples faibles, des peuples qui n'ont pas de pouvoirs, des peuples qui manquent de moyens. C'est parce que nous ne sommes pas prêts qu'il faut faire l'indépendance. Elle vient non pas à la fin de la vie d'un peuple, mais au début: c'est-à-dire au moment où ce peuple entend assurer sa pleine liberté et assumer ses pleines responsabilités. Non, l'indépendance n'est pas une récompense, c'est un effort. Non l'indépendance, n'est pas un extrémisme, c'est la chose la plus normale au monde.» (Écrits polémiques, 1996).


En 1973, dans un article qui a pour titre «René Lévesque n'a jamais voulu l'unité des indépendantistes», il tient à réaffirmer que «c'est nous [du RIN] qui avons fait l'unité des indépendantistes, contre la volonté de René Lévesque»; dans un autre article de 1973 intitulé «L'intolérance de René Lévesque», Bourgault affirme ne pas comprendre l'acharnement que mit le politicien à nous empêcher de nous intégrer au Parti québécois.


«Avaler les indépendantistes»


Dès le congrès de 1971, Bourgault se permet un percutant discours critiquant l'orientation mise en avant par Lévesque: «Si nous sommes sérieux avec ce que nous avançons, on devrait parler moins de sécurité et pas mal plus de liberté! L'indépendance, ce n'est pas la sécurité, le statu quo. Je pense que nous avons le devoir de ne rien cacher à la population de ce que nous croyons nécessaire et vrai. Combien de fois reculons-nous devant l'exposé de notre programme? À quoi ça sert les meilleures solutions si toujours nous gardons le silence de crainte d'effrayer les électeurs? La vraie respectabilité, c'est ce à quoi on arrive quand, après des années, on se retrouve fidèles à ses objectifs et à ses principes. Et souvent le parti qui n'est pas respectable aujourd'hui peut le devenir demain s'il est resté fidèle à ses rêves de jeunesse».


En 1978, il réagira à une déclaration de Lévesque sur l'objectif du référendum: «Comme Duplessis avec l'Action libérale, René Lévesque est en train d'avaler les indépendantistes. Faire de l'association une nécessité est un recul par rapport au programme du PQ et par rapport à l'action des indépendantistes depuis une vingtaine d'années, c'est un recul idéologique, un recul stratégique et aussi un recul par rapport à la démocratie au sein du Parti.»


Sans renoncer


Dans Le Devoir du 20 août 1980, après la défaite du premier référendum, et à la veille des élections de 1981, il rompt avec le parti et dénonce «l'homme qui a incarné depuis vingt ans les espoirs de toute une génération de Québécois». Il avoue que «c'est la mort dans l'âme que je romps avec le meilleur homme politique que le Québec ait jamais produit». Pour Bourgault, le non majoritaire de 1980 n'impliquait pas de renoncer à la lutte. «Moi aussi je m'incline, mais je ne renonce pas à convaincre une majorité de la valeur de la cause que je défends.»


Revenant sur la question référendaire de 1980 qui demandait aux Québécois s'ils voulaient que leur gouvernement négocie une nouvelle entente avec le reste du Canada, basée sur la souveraineté-association: «Quoi qu'en dise Lévesque, cela veut dire que tout est négociable, y compris notre droit à l'autodétermination. Quelle stratégie inouïe! Si j'étais fédéraliste, cette question me ravirait.» Il ajoute que «ce n'est pas pour cela que le mouvement séparatiste existe, ce n'est pas pour cela que le Parti québécois a été créé, ni ce pour quoi des dizaines de milliers de militants se battent depuis plus de vingt ans».


Alors que Lévesque fait campagne en 1981 pour un bon gouvernement provincial, comme en 1976, Bourgault lui reproche de n'avoir jamais rompu avec une vision provincialiste des choses:


«Le mouvement indépendantiste, à son origine, avait rompu avec la Révolution tranquille; non pas qu'on n'y voyait pas quelques progrès par rapport à la situation précédente, mais bien parce qu'elle se voulait à l'intérieur du cadre provincial. Or, monsieur Lévesque n'a jamais rompu avec la Révolution tranquille.»
Et de conclure: «Or, il m'a toujours semblé que nous n'étions pas là pour faire mieux que les autres, mais autre chose. Si l'exercice du pouvoir pour les souverainistes ne conduit pas à l'exercice de la souveraineté, alors ce pouvoir est vain et illusoire. Il constitue un piège dans la mesure où il occulte les véritables enjeux en les reportant à plus tard, au risque de les voir disparaître de nos préoccupations collectives. C'est ce processus, déjà largement entamé, qu'il faut à tout prix stopper. Voilà l'objectif de ma sortie contre René Lévesque. Je dis qu'il est le premier responsable de tout ce vasouillage qui entoure l'option de la souveraineté.»


Jusqu'à la fin de sa vie, le 16 juin 2003, Bourgault a continué à promouvoir l'indépendance du Québec et à critiquer le PQ chaque fois qu'il n'en a pas fait sa priorité. Toujours en 1981: «Moi, je dis qu'il est suicidaire pour les souverainistes d'abandonner leur idée — tout en disant qu'on ne l'abandonne pas — au moment où cette idée a atteint sa plus grande force depuis vingt ans. Il faut en parler de plus en plus, quitte à nous retrouver dans l'opposition, là où se trouve notre idée, de toute façon.
Même si l' étapisme ne consiste qu'à abandonner notre idée par étapes, alors qu'on ait le courage de nous le dire. Si cette idée, acceptée et défendue par plus de 40 % de Québécois, ne vaut pas la peine d'être prônée ouvertement, alors que le Parti québécois et ses chefs aient le courage de la retirer du programme. Car à qui fera-t-on croire qu'on y tient quand elle ne sert plus qu'à masquer notre volontaire impuissance?»

Source :  clic.
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LE DEVOIR  -  1910-2010
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DEMAIN – Hymne au Québec
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« Ce qui nous laisse petits,
    c'est la peur de devenir grands »
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« On va toujours trop loin pour les gens qui vont nulle part »
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« Aucun peuple digne de ce nom dans le monde
n'a jamais craché sur son indépendance.
   Le peuple québécois serait-il si différent des autres ?
   Son état de peuple annexé et soumis serait-il définitif ?»
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