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lundi 4 janvier 2010

AVENIR RATÉ...


Lettre envoyée au Nouvelliste de Trois-Rivières le 15 décembre 2009
et dont la publication a été refusée.


Quand on sait compter…

Jean-Luc Dion, ing., D.Sc.


   Oui ! Quand on sait compter et que la responsabilité est au rendez-vous, des projets inutiles et coûteux comme la rénovation de la centrale nucléaire de Gentilly sont fermement mis de côté pour d’autres qui rapporteront gros à nous tous à moyen et long terme, en emplois bien payés et en développement de nos expertises. Mon collègue, le professeur Julien, économiste émérite de l'Université du Québec à Trois-Rivières, a bien raison de le signaler dans sa lettre du 15 courant [1] (cette lettre est curieusement disparue du site de Cyberpresse…)

Mais, pour cela, il faut de la vision, du courage et une intégrité politique qui font trop souvent défaut chez nos dirigeants soumis à l’influence des lobbys de la privatisation. Ceci entraine des décisions désastreuses pour les Québécois, comme on en a vu trop. Est-il trop tard pour renverser celle-ci sachant que le Québec n’a pas besoin de l’énergie nucléaire, et que les ressources humaines et financières en jeu pourraient être beaucoup mieux utilisées ? On aimerait bien que ce soit le cas.

   Sait-on, par exemple, que « le Québec a raté sa chance en 2006 de voir un turbinier de calibre international s'implanter ici avec une usine consacrée au développement et à la production d'un nouveau modèle d'éoliennes nordiques. La multinationale allemande Siemens [2] projetait en effet de construire cette usine au Saguenay-Lac-Saint-Jean, de même qu'un centre de recherche dans la région de Montréal, à proximité des grandes écoles d'ingénierie, dans le cadre d'un mégaprojet de 3000 MW (mégawatts; près de 5 fois la puissance de Gentilly 2) dans le Grand Nord. » [3] De plus, Siemens faisait du Québec le centre nord-américain de développement et de fabrication de ces nouvelles éoliennes adaptées à notre climat. La raison étant que le Québec a le potentiel éolien le plus élevé en Amérique [4]; en fait beaucoup plus élevé que son potentiel hydraulique ! Un expert, R. Reid, a conclu au sujet de la région de La Grande (Baie James) : « Si on en tirait en moyenne un mégawatt (MW) au kilomètre carré alors qu'ailleurs dans le monde on en extrait entre cinq et neuf MW, le Québec pourrait tirer de cette seule région 100 000 MW d'électricité, soit deux fois et demie sa production totale d'électricité, actuellement de moins de 40 000 MW... Il serait facile d'en tirer cinq fois plus de ce seul site. » [4]

1  http://www.ameriquebec.net/actualites/2010/01/01-madame-normandeau-quand-on-sait-compter-on-compte-tout.qc
2  http://w1.siemens.com/answers/ca/fr/index.htm?page=environment&site=2&stc=caccc020002
3  http://www.ledevoir.com/politique/quebec/136565/quebec-a-boude-un-projet-d-eoliennes-de-4-5-milliards
4  http://www.ledevoir.com/environnement/48604/l-arabie-saoudite-de-l-energie-verte

  « C’est le 20 avril 2005 que Siemens a soumis son projet au gouvernement, notamment au ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Pierre Corbeil. Le matin même, Siemens présentait brièvement son projet au p.-d.g. d'Hydro-Québec, Thierry Vandal. Les 3000 MW auraient été produits autour du bassin hydroélectrique de LG-4, à la Baie-James, ainsi que dans la région de Manicouagan, sur la Côte-Nord (là où il y a beaucoup plus de vent que sur nos terres agricoles du Sud…).

   Ce projet aurait généré un investissement PRIVÉ de 4,5 milliards de dollars et aurait produit 9 TWh (térawatts-heures : 9 mille millions de kilowatts-heures!), ce qui en faisait donc une véritable solution de rechange au détournement de la rivière Rupert, dont Hydro-Québec escompte tirer 8,5 TWh (sans compter Gentilly 2…). » Devant le refus de nos dirigeants qui n’ont pas été à la hauteur du défi, Siemens est allé créer en Iowa ses milliers d’emplois en haute technologie et le Québec a perdu une expertise unique [6].

   Au lieu de laisser entièrement à Hydro-Québec le développement et la production de l’énergie éolienne, on donne de généreux contrats de production de 20 ans à des entreprises souvent de l’extérieur, avec peu d’expérience, qui veulent installer des éoliennes importées dans le sud où il y a peu de vent, souvent sur des terres agricoles…[7]

15 décembre 2009


6   http://www.renewableenergyworld.com/rea/news/article/2006/08/siemens-selects-iowa-for-its-first-wind-turbine-blade-facility-45762
7   http://eoliennes-infos.com/

« On ne rappellera jamais assez que la liberté de presse
est un fondement de la démocratie délibérative
parce qu'elle permet de questionner le gouvernement au nom des citoyens.
Elle s'inscrit dans une logique d'obligation de rendre des comptes,
de transparence et de bonne gouvernance. »


Combien ont conscience que plus de la moitié
du tirage francophone des quotidiens d’information au Québec
(La Presse, La Tribune, La Voix de l’Est,
Le Nouvelliste, Le Soleil, Le Quotidien et Le Droit
)
appartient à Gesca, une filiale de Power Corporation,
compagnie appartenant à l’ultrafédéraliste famille Desmarais ?

« Wer sich unter seinesgleichen zum Wurm macht,
da ihn doch Gott zum Menschen schuf,
muß sich nicht wundern,
wenn man ihn nachher als Wurm behandelt
und unter die Füße tritt.
»
[ Si tu te fais ver de terre,
ne te surprend pas si on t'écrase avec le pied. ]
Emmanuel KANT, philosophe allemand




« Le Québec crève pour sa part dans son infériorité entretenue
et l'indécision tragique d'un peuple qui se barre les jambes...
en paralysant les autres.»
René LÉVESQUE, Premier ministre du Québec

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