Le compte à rebours de l'humanité a commencé, craint Albert Jacquard
Humaniste engagé, le philosophe Albert Jacquard était de passage mercredi, au Soleil, pour nous parler de son plus récent ouvrage portant sur l'urgence de changer nos comportements autodestructeurs. Vision d'un homme lucide qui a regard éclairé sur la coopération.
Q M. Jacquard, dans votre livre Le compte à rebours a-t-il commencé?, vous évoquez un possible suicide collectif de l'humanité. Est-ce que le temps nous est compté?
R «Je crains que oui. Lorsque je parle de suicide collectif, les mots ne sont pas excessifs. Un suicide, c'est se donner la mort volontairement. Et c'est ce qu'est en train de faire l'humanité puisqu'elle a mis en place, à un coût très élevé, le moyen de détruire les hommes. Par exemple, le seul but des bombes nucléaires est de détruire l'espèce humaine. De même que de prélever les matières premières de la Terre, comme le pétrole, ne donne pas automatiquement le droit de tout prendre sans rien laisser aux générations futures. Ce que je veux dire est qu'à force de transformer le monde à notre avantage, nous risquons de fabriquer une Terre où aucun de nous ne voudra vivre.»
Q Sommes-nous condamnés à coopérer pour survivre?
R « Ou bien les humains décideront de coopérer entre eux ou bien on court à la catastrophe. Jamais au cours de l'histoire il n'y a eu autant de personnes sur la Terre. On pourrait très bientôt compter près de huit milliards d'êtres humains sur la planète. Ce qui serait raisonnable, c'est de se poser la question : comment s'organise-t-on au sein d'une si petite planète ? Oui, il faudra être heureux. Et si on poursuit notre réflexion, on se dit qu'il faudrait être heureux comme les Occidentaux. Alors imitons tous l'Occident. Ce qui n'est pas possible. Si on multiplie par huit milliards ce que vous coûtez et ce que je coûte sur la planète, il nous faudrait trois planètes pour satisfaire nos besoins. Ce qui pose un problème d'incohérence entre la taille de la planète et les besoins que nous prétendons avoir. Il est d'ailleurs clair que la consommation matérielle n'est pas liée au bonheur.»
Q À qui appartiennent les richesses de la Terre, selon vous?
R «À tous les hommes, autant ceux d'aujourd'hui que ceux à venir. Nous avons épuisé les ressources de la planète. En ce sens, les grands de ce monde ont un rôle précis à jouer. Ils doivent dire que le pétrole, le gaz, etc. sont des richesses non renouvelables qui appartiennent à tous. Nous sommes en train de détruire tout, il faut au moins s'arrêter. Prenons conscience de la crétinerie actuelle, et agissons pour la stopper. Les plus riches doivent maintenant penser à moins gaspiller. Nos comportements doivent changer.»
Q Au nom de la sacro-sainte création de richesse (croissance économique à tout prix), assiste-t-on à une forme d'intégrisme économique?
R «Selon moi, nous sommes en train d'aboutir à une impossibilité de continuer. Et on commence à s'en rendre compte. Cela été long et cela a été camouflé par des problèmes immédiats dus aux grandes guerres, notamment. Mais, on est en train de retrouver nos esprits et on constate qu'il est temps d'arrêter le pillage. On remarque que depuis 40 ans, le discours a changé. Il y a 40 ans, on parlait très peu d'écologie. Aujourd'hui, c'est très commun. Il faut donc repenser le système pour redistribuer la richesse de la terre de façon équitable. C'est la seule façon dont on pourra s'en sortir. Aujourd'hui, 1/5 de l'humanité dépense 4/5 des richesses. Un changement suppose une profonde remise en cause des concepts économiques comme la notion de valeur, par exemple. Je suis pour la croissance, mais celle des véritables valeurs humaines.»
Q Pouvez-vous nous parler de la crise économique actuelle et des milliards de dollars injectés dans nos économies par nos politiciens en si peu de temps?
R «C'est drôle comment nos politiciens ont trouvé de l'argent rapidement pour venir en aide aux multinationales. Ils n'ont toutefois pas autant d'argent pour sauver la planète. On commence toutefois à parler d'écologie, c'est un pas dans la bonne direction. C'est donc maintenant qu'il faut faire des choix. Lorsque nos économies sont en mutation [comme en ce moment], le mouvement est irréversible. Il faut donc en profiter pour changer la donne. Il faut toutefois que les choses changent et cela commence par les décideurs qui sont en place. Ce ne sont pas des imbéciles, ils ont le sort de la planète entre leurs mains. C'est à eux d'agir.»
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L'éditorial de Robert Laplante
dans L'Action nationale d'octobre 2009
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Un théâtre d’ombres
- Robert LaplanteLes manœuvres de bluff et d’intimidation qui ont marqué la scène fédérale depuis quelques semaines, n’ont pas manqué de piquant. Le spectacle, en effet, nous donne à voir le Canada tel qu’il est dans la disposition qui est la sienne depuis toujours de ne reculer devant aucun prix pour maintenir le Québec dans son carcan. La joute politicienne a beau être compliquée, commentateurs et politiciens ont beau se lamenter sur l’instabilité des gouvernements minoritaires, rien ne semble assez outrecuidant pour que le Canada et ses partis politiques se donnent la peine de se demander comment ils en sont arrivés là. Tout au plus avons-nous droit aux coups de gueules sur les séparatistes du Bloc qui empêchent la politique politicienne de ronronner ou encore aux savants rapports sur les motifs et les manières de lui couper les vivres ou de le tenir à l’écart des débats pour que les choses puissent enfin tourner rondement dans le plus meilleur pays du monde.
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