PROJET « RENAISSANCE »
par Jean-Luc DION, ing., D.Sc.
Février 1995
INTRODUCTION
La question
vraiment importante que nous devons nous poser ici, ce n'est absolument celle
de la formulation de la question à poser au prochain référendum sur la
souveraineté du Québec. Avant toutes autres, il y a quelques conditions essentielles à la réussite
de tout projet national que nous pouvons élaborer comme Québécois. Il paraît
clairement futile, sinon stupide, de discuter de progrès économiques, de
question référendaire et de choses accessoires si on ne s'entend pas sur
l'essentiel, si on n'a pas au départ répondu clairement à certaines questions existentielles. Discuter de
ces questions est précisément l'objet de votre Commission, Mesdames et
Messieurs, car elles sont indissociables de l'important projet de loi dont nous
avons à discuter.
Et nous ne
soulignerons jamais trop le caractère éminemment démocratique des Commissions sur l'Avenir du Québec,
malgré tout ce que ses détracteurs peuvent en dire. Ce vaste débat national
fait suite à une série d'événements déterminants qui se sont produits au cours
des dernières années. On pense au coup d'état, à l'affront sans précédent de 1982 orchestré par Pierre Elliott Trudeau
et Jean Chrétien, l'imposition antidémocratique d'une constitution dénoncée en
bloc par l'immense majorité des Québécois, fédéralistes comme indépendantistes.
On pense à l'échec du misérable accord
du lac Meech où l'existence du peuple québécois n'était même pas reconnue,
accord qui fut rejeté par les Canadiens du fait qu'ils le trouvaient encore
trop ouvert au Québec. On pense encore à l'innommable
proposition de Charlottetown de 1992 qui étaient bien en deçà de celle de
Meech, et qui fut rejetée pour des raisons tout à fait opposées par le Québec
et par le Canada.
On pense aussi à la démission
honteuse et destructive du Gouvernement du Québec d'alors dans cette triste
affaire où nos intérêts nationaux ont été bafoués et mis de côté avec l'accord
de nos propres dirigeants qui ont renié leurs engagements en quelques jours. On
pourrait encore parler très longuement de la multitude des cas où le Québec et
les Québécois se sont faits flouer (mot gentil) et continuent de se faire
flouer dans ce système qui nous abaisse. On pourrait parler pendant des heures
de nombreux faits récents et moins récents qui démontrent l'ingérence planifiée
et intensive du gouvernement canadien dans des domaines de juridiction
québécoise: éducation, formation professionnelle, environnement,
communications, agriculture, pêcheries, etc., etc.
Il existe donc des
conditions essentielles à la
réussite de tout projet québécois. Il existe des questions existentielles à régler.
1– De façon primordiale, nous devons affirmer le front haut, devant le
monde entier, que nous existons comme
peuple et que nous entendons bien prendre la place qui nous attend parmi
les nations: ceci est tout à fait fondamental. Rien de valable ne peut réussir
si les Québécois entretenaient des doutes sur leur existence même comme nation.
Comment pourrions-nous inspirer le moindre respect si notre comportement
indiquait à nos voisins et au monde entier que nous ne croyons pas en nous.
Nous devons démontrer, haut et fort, par
des gestes concrets, qu'il existe ici une société unique et originale qui a
la volonté d'exercer sa pleine souveraineté et d'offrir librement au monde, et
particulièrement à ses voisins, sa participation pleine et entière à la
réalisation d'un avenir meilleur pour l'Humanité.
À quelques
années des célébrations du 400e anniversaire de la fondation du Québec par
Samuel de Champlain en 1608, 461 ans
après l'arrivée de Jacques Cartier en Nouvelle-France, nous devons proclamer
dignement et fermement notre volonté inébranlable d'exercer notre droit à l'autodétermination dans le
respect des règles internationales et des droits de l'homme. C'est un droit que
personne ne peut nous contester.
2– Une deuxième condition
est l'atteinte d'un niveau élevé de cohésion
sociale. Il faut que, en majorité, nous Québécois de toutes origines, incluant les peuples autochtones, se retrouvent fraternellement dans un projet de société qui nous ressemble. Un
projet de société qui nous ressemble dans ce que nous avons de meilleur et qui
nous distingue des autres peuples. La solution
durable de problèmes économiques est
illusoire si les citoyens d'un pays sont divisés, bassement matérialistes,
égoïstes, préoccupés de leur seule personne, toujours prêts à tricher leur
gouvernement et leurs voisins. Cela est particulièrement vrai du Québec où
l'histoire nous prouve que nos réussites les plus remarquables, malgré les
embûches dressées par des intérêts non québécois, se sont réalisées grâce à
notre solidarité, à notre travail persévérant et à la confiance que nous faisions à nos
capacités: pensons aux Caisses Populaires
Desjardins, à la Caisse de Dépôt et
de Placements, au Fonds de Solidarité
de la FTQ, à nos coopératives
agricoles, à nos coopératives
d'habitation, etc., etc.
Quelques
éléments d'un projet de société sont exposés un peu plus loin qui peut, s'il
est mis en oeuvre, redonner l'espoir à des centaines de milliers de jeunes et
de moins jeunes, leur créer des emplois productifs temporaires qui se
transformeront en emplois durables et établir un nouveau mode de vie en
société. Un projet qui permettra en même temps de régénérer et augmenter
radicalement la productivité d'une de nos grandes richesses naturelles: la
forêt.
1- NOUVEL ARTICLE PROPOSÉ POUR LE
PROJET DE LOI
D'autre part,
pour que la culture québécoise d'origine française, avec ses apports autochtones et de diverses origines,
puisse se développer normalement et que se forge l'unité nationale de tous les Québécois, l'article 2 du Projet de loi sur la Souveraineté du Québec
devrait se lire comme suit:
La langue officielle du
Québec est le français. Le français est la langue de l'État, la langue du
travail, la langue de l'éducation et la langue d'usage habituelle entre
Québécois dans toutes les activités et partout.
Ceci n'exclut
pas, bien au contraire, l'usage entre individus et l'apprentissage des langues
étrangères, particulièrement de l'anglais, la langue dominante de l'Amérique du
Nord. Toutefois, il doit être parfaitement clair pour tous que le français est
la langue d'usage au Québec avant toute autre.
Cette situation
sera clairement décrite aux immigrants que nous accueillerons sur notre
territoire, de sorte qu'il n'y ait aucune ambiguïté, ni ressentiment ultérieur.
D'ailleurs, pour devenir citoyen du Québec tout immigrant devra faire état par
des examens d'une connaissance pratique de la langue officielle.
L'usage
généralisé de la langue française au Québec doit être perçu comme un facteur essentiel d'unité nationale, de cohérence et de
cohésion sociale.
Il faut
absolument éviter de recréer dans le Québec de demain les problèmes et les
tiraillements linguistiques que nous avons connus au Canada. Nous serions de
parfaits irresponsables si nous
accédions à l'indépendance pour régénérer le «panier de crabes» canadien,
particulièrement le bilinguisme artificiel de façade et un «multiculturalisme»
dispersant et destructeur.
Si, pour des
raisons historiques, la constitution de la République du Québec doit garantir à
la minorité québécoise historique anglophone d'origine
anglo-saxonne et canadienne la préservation de son identité et de ses
institutions, il est entendu que ces droits doivent s'exercer dans le respect
de l'ensemble des citoyens du Québec.
On doit aussi
s'attendre à ce que, réciproquement, l'État canadien accorde à sa minorité
québécoise et francophone un traitement
équitable et comparable. Avec le Canada, considérant la minorité anglophone
du Québec, il est important d’en arriver rapidement à un accord de réciprocité dans le traitement des minorités d’un pays
qui sont issues de l’autre.
2- L'ÉCOLE DU QUÉBEC SOUVERAIN
L'école à tous
les niveaux est un facteur primordial dans le développement maximal des
connaissances et des plus hautes valeurs démocratiques et morales. Elle est le
creuset où s'élaborent les éléments du Québec de demain, fort, uni, dynamique,
fier, généreux.
On doit accorder la priorité
à la formation des enseignants en général. On doit hausser les critères d'admission dans la profession,
ainsi que les exigences de qualification dans tous les domaines. Le statut
d'enseignant doit devenir un statut respecté et respectable, un statut de grande
responsabilité sociale et nationale. Tout enseignant doit devenir un modèle pour les élèves et les
étudiants.
Les responsables de l'école et les enseignants doivent assurer un
contrôle permanent de la qualité de la formation: c'est une responsabilité
sociale.
Parmi les valeurs essentielles qui doivent être
véhiculées et les connaissances qui doivent être acquises à l'école d'une façon
graduelle et soutenue de l'école
maternelle à la fin du cours secondaire, en voici quelques-unes :
- Le
perfectionnement de la langue française écrite et parlée, dans toutes les matières enseignées, comme facteur de promotion dans tous les
secteurs de la vie;
- La
connaissance de l'histoire nationale et de l'histoire des civilisations;
- La
connaissance de la géographie en général et de celle du pays en particulier;
- La
connaissance des organismes économiques et industriels et de leur
fonctionnement
- L'initiation
pour tous aux milieux de vie et de travail, aux métiers, aux professions, etc.,
par de nombreuses visites et courts stages
- L'apprentissage
d'une deuxième langue étrangère à partir de la deuxième ou troisième année du
cours secondaire;
- Le
sens des responsabilités et l'altruisme;
- Le
respect des autres citoyens et du bien public quels qu'ils soient;
- Le
respect de la parole donnée;
- Le
goût du travail méthodique et bien fait;
- La
valeur de l'effort individuel et collectif;
- La
stimulation de la créativité et de l'initiative individuelle dans le respect
des autres;
- Le
développement maximal des talents de chacun pour le bien de tous;
- La
valorisation du rôle de chacun dans la société, la valorisation de tous les
métiers et professions;
- Le
respect des lois que la nation s'est données démocratiquement;
- L'attachement
au pays et à ses valeurs, ainsi que l'importance de les défendre;
- La
connaissance des institutions nationales, de la vie en société et du
fonctionnement de la démocratie;
- L'apprentissage
du fonctionnement en démocratie;
- Le sens de la coopération comme moyen juste et efficace d'améliorer la vie de tous.
- Etc.
Dans le cadre de
programmes nationaux déterminant les
objectifs essentiels à atteindre
pour tous, on doit faire place aux initiatives
locales et à la créativité.
L'école doit être un milieu de vie diversifié
et agréable favorisant
l'épanouissement de chacun. À prévoir:
* Intégration
de l'école à la vie municipale;
* Augmentation
de la durée de l'année scolaire, redistribution des congés;
* Allongement
du séjour à l'école jusqu'à 17 h pour tous, permettant: périodes d'étude,
activités socioculturelles et sportives, etc.
Passons
maintenant au projet que nous proposons comme élément d'un véritable projet de
société dynamique, créatrice, confiante en elle-même, fraternelle et ouverte.
3- LE PROJET « RENAISSANCE »
3.1 NATURE DU PROJET
Il s'agit de l'organisation de chantiers pour les jeunes chômeurs, les décrocheurs de l'école et
assistés sociaux leur permettant d’acquérir une formation au travail au cours
de stages de quelques mois, tout en contribuant à réparer les dégâts d’une
imprévoyance séculaire en ce qui concerne nos forêts. Il s'agit d'une
«ré-appropriation» de nos forêts et d'un investissement massif dans notre
avenir économique. Ce projet pourrait même être élargi et transformé en un service civique pour tous les jeunes
citoyens.
3.2
OBJECTIFS
- Utiliser d'une façon
rationnelle et constructive des fonds publics consacrés à l'aide aux chômeurs
et à la sécurité sociale en général.
- Redonner l'espoir
aux Québécois qui se gaspillent dans l'inactivité, par un travail communautaire
valorisant pendant une période limitée dans un milieu différent de leur milieu
habituel.
- Donner l'occasion à
des dizaines de milliers de jeunes Québécois de mieux se connaître et de créer
des liens dans le cadre de travaux d'équipe valorisants qui seront un
investissement dans leur avenir. Leur donner une occasion de mettre en valeur
leurs qualités d’organisateur et de chef
- Permettre à tous ces
Québécois de vivre un période intense de travail, de formation et de réflexion
tout en découvrant les immenses ressources du Québec. Leur faire découvrir les
joies du travail dans la nature. Normalement, au cours d'un tel stage, la
plupart devraient trouver une nouvelle motivation à faire les efforts qui
s'imposent pour régler leurs problèmes, trouver les idées et l'information qui
leur permettent de réorienter efficacement leur vie.
- Donner à plusieurs
la possibilité de se refaire une santé, de se dégager de l’emprise de l’alcool
et de la drogue, de prendre de saines habitudes de vie et de bonne
alimentation.
- Développer l'amour
du patrimoine et la solidarité nationale des Québécois de toutes origines.
Actuellement, les habitants du Québec sont divisés par toutes sortes de
barrières: l'école, le statut social, l'origine ethnique, la religion, la
langue, etc. Il importe au plus haut point de mettre ensemble tous ces
Québécois dans un milieu propice, afin qu'ils découvrent finalement une franche
volonté de vivre et de se développer ensemble
- Réaliser des travaux
de sylviculture à grande échelle dans des territoires désignés afin de
régénérer nos forêts, accélérer la croissance des arbres et nous assurer des
réserves de bois de diverses essences de très haute qualité pour l'avenir.
- Développer
l'aptitude à comprendre la nécessité de travaux à long terme, sans rentabilité
immédiate pour assurer l'avenir d'un peuple.
3.4
CONSTATATIONS
- Nos forêts sont devenues improductives et délabrées
dans une très large mesure par la surexploitation qu’on en fait depuis des
décennies, les «coupes à blanc» plus récemment, et surtout par l’absence de
véritables pratiques sylvicoles à grande échelle. On ne trouve pratiquement
plus de beaux arbres dont la taille permette une exploitation rentable à long
terme. Nos usines manquent de bois. Certaines espèces comme le chêne et le pin rouge ont pratiquement disparu à cause de leur coupe intensive sans souci de renouvellement...
- En beaucoup
d'endroits, particulièrement dans les forêts de résineux, les arbres sont
beaucoup trop rapprochés, de sorte qu’ils n’ont aucune chance de grossir et
grandir. Actuellement, on rase des forêts d’arbres beaucoup trop petits avec de la machinerie lourde, au
lieu de faire une coupe sélective qui permette aux arbres de grandir.
- La récupération des
déchets de matière ligneuse en grande quantité peut être à la base d'une nouvelle industrie chimique produisant
particulièrement de l'alcool servant de carburant.
- Les jeunes, en grande
proportion, semblent de toute évidence avoir
été assez mal orientés au cours de leurs études secondaires. Les
services d’orientation de nos écoles ont très largement raté l’objectif essentiel: faire en sorte que
les jeunes choisissent une voie dans laquelle ils pourront développer leurs talents au maximum, en étant
heureux et utiles à la société.
- Le système scolaire
a, volontairement ou non, dévalorisé
la formation dans les divers métiers. On a fait en sorte que ce secteur est
maintenant délabré; il est pratiquement devenu un secteur de laissés pour
compte, un secteur dévasté. Or, une
majorité des écoliers devrait normalement être formée dans ce secteur essentiel
pour une société équilibrée. Il est parfaitement honorable et valorisant
d'être un bon menuisier, un bon mécanicien, un bon plombier, etc. Tous les
hommes et toutes les femmes ont un talent particulier et devraient normalement
trouver beaucoup de satisfaction et de bien-être dans le travail bien fait,
quel qu'il soit. C'est une vérité élémentaire qui semble oubliée.
- Notre système
d’éducation, à tous les niveaux, témoigne d’échecs dont les conséquences
peuvent être terribles pour la société québécoise, le taux d’abandon catastrophique
dans les écoles secondaires, les collèges et les universités n’en étant qu’une
des manifestations. Une mauvaise
orientation et la dévalorisation de
diverses formations par ailleurs essentielles comme mentionné plus haut,
ont sans doute causé la plupart de ces échecs. C'est sans compter le
matérialisme et l'individualisme exacerbés que nous vivons.
- Depuis
deux générations, des centaines de milliers de jeunes Québécois, par un effet
d'entraînement, se sont engouffrées dans études et des formations pour
lesquelles ils n'avaient pas les aptitudes et ont accumulé les déceptions, les frustrations et les échecs.
Pourtant, la plupart avaient certainement des talents divers qu'ils auraient dû normalement utiliser pour se
forger une carrière honorable et valorisante.
- Au
nom d'une démocratie mal comprise, on a abaissé bien des barrières, on a
pratiqué le laxisme à tous les niveaux, du primaire à l'université, on a fait
croire à ces jeunes que tout diplôme pouvait être décroché par n'importe qui et
pratiquement sans efforts. On a
dévalorisé l'effort par défaut d'éducation à l'effort. On a créé des illusions. On a laissé ces jeunes
gaspiller leur vie car un nombre effarant ne sont pas heureux dans leur travail
du fait qu'il leur manque des aptitudes. Une masse d'autres, par ailleurs
talentueux, ne trouvent pas de travail car ils n'ont pas reçu la formation
qu'ils auraient dû recevoir pour exercer leurs talents naturels. Le laxisme, l'irresponsabilité et l'incompétence
coûtent terriblement cher au Québec...
- Un
grand nombre de ces jeunes vont grossir les rangs des chômeurs et des assistés
sociaux aptes au travail: plus de 1 200 000 Québécois en 1994.
- Cette
proportion est considérablement plus élevée pour les jeunes provenant de
milieux défavorisés.
- Ces
adolescents ne possèdent souvent aucun entraînement à un travail quelconque et
n’ont qu’une vague idée des exigences d’un milieu de travail moderne. Leur
avenir est bloqué à toutes fins pratique.
- Il
est scandaleux et extrêmement coûteux et néfaste de laisser tant de
talents se gaspiller depuis si longtemps. L'oisiveté
détruit l'homme, c'est bien connu.
- Le
taux de suicides chez les jeunes Québécois est intolérable.
- Les
jeunes Québécois connaissent généralement mal les diverses régions du Québec et
les ressources du pays.
- L'individualisme, l'irresponsabilité et
l'indifférence affectent très
sérieusement toutes les couches de notre société et nous mettent à la merci des
pays agressifs et travailleurs, ou encore des pays surpeuplés exploités par les
premiers.
- Les
milliards de dollars consacrés annuellement à l'assurance chômage et à la
sécurité sociale sont trop souvent improductifs et ont des effets pervers de toutes sortes sur les personnes aptes au travail:
les exemples sont très nombreux et bien connus.
3.5 DESCRIPTION
Le secteur
forestier doit être prioritaire du fait que la forêt est une de nos plus
importantes ressources naturelles, sinon la plus importante et qu'elle est renouvelable indéfiniment si elle est bien entretenue. D'autres
secteurs peuvent être considérés, comme l'agriculture, mais peu permettent de mobiliser autant de
personnes simultanément avec des effets perceptibles à court et à moyen termes.
Les forêts à
nettoyer et cultiver, doivent être désignées par nos plus grands experts dans le
domaine, en fonction de critères reconnus par tous. L'équipement utilisé
devrait être du type léger: on devrait favoriser largement le travail manuel et
ne pas investir dans un équipement mécanisé importé et coûteux.
Un chantier
pourrait être composé d'une moyenne de deux
cents à trois cent cinquante
personnes. Il faudrait prévoir l'organisation à court terme d'une cinquantaine de ces chantiers dans
toutes les régions du Québec dans le cadre d'une première phase de quatre ou
cinq ans. On fera suivre d'une évaluation très sérieuse. L'effectif total sera
d'environ 10 000 personnes. Considérant le nombre actuel de chômeurs et
d'assistés sociaux, il faudrait probablement multiplier cet effort par dix très
rapidement.
Ces chantiers
pourraient normalement fonctionner du début mai à la fin octobre. Mais une
partie pourrait fort bien fonctionner à l'année longue. La journée de travail
pourra être de 6,5 à 7,5 heures selon le nombre d'activités de formation et loisir
organisées. On fournira une bonne alimentation, saine et abondante: on en fera
une matière de formation (mens sana in
corpore sano...). Le logement sera simple, mais confortable.
On incitera
toutes les personnes aptes au travail, assistés sociaux, décrocheurs et chômeurs, à
participer à ces chantiers, dans la perspective d'une réinsertion à court terme
dans la société active. Il faut évidemment une sérieuse incitation monétaire:
par exemple, ceux qui participeront seront nourris et logés pendant leur stage,
tout en recevant une allocation équivalente à 50-75% de ce qu'ils auraient dans
le régime actuel; les vêtements et chaussures de travail pourraient être
fournis suivant des normes à établir. Par contre, ceux qui refuseraient ne
recevraient plus que 20% de l'allocation habituelle, sinon rien du tout: c'est
à voir. D'autre part, ceux qui sont vraiment inaptes au travail continueront
d'avoir droit à des allocations leur permettant de vivre dignement.
La durée normale d'un séjour dans un
chantier devrait être d'une période,
à la fin de laquelle un encadrement efficace devrait être proposé aux
stagiaires, avec une rémunération minimale, pour les aider à trouver une
nouvelle activité.
On mettra à
contribution tous les secteurs de
notre société pour organiser une grande variété d'activités de formation et
d'activités de loisir.
La matière
ligneuse récupérée ainsi en très grandes quantités d'une façon régulière peut
être transformée en divers sous-produits: matériaux de chauffage (briquettes),
alcools, etc. On devra récupérer environ la moitié des branches et laisser
l’autre moitié sur place pour ne pas trop appauvrir le sol (hypothèse à
vérifier).
Il ne s'agit
aucunement d'un projet visant à procurer de la main d’œuvre à bon marché à qui
que ce soit. C'est un projet de redressement social, national et économique
pouvant contribuer à créer de nouveaux modes de vie en société.
3.6 MOYENS
Le financement proviendra essentiellement d'une nouvelle allocation des crédits de
l'assurance-chômage, de la sécurité sociale, de la défense nationale, etc. Il
devrait être facile, pour des économistes et des gestionnaires, d'en démontrer
la rentabilité économique par rapport au laisser-aller et au délabrement actuel
dont les effets sont désastreux.
On devrait développer un intéressement des entreprises privées, surtout des entreprises
industrielles, auxquelles ce projet devrait profiter du fait que les
travailleurs issus de ce programme devraient plus motivés, plus habiles, plus
efficaces, mieux formés, etc. Contributions de l’entreprise privée: encadrement
technique pour la coupe du bois et la récupération, prêt d'experts de toutes
sortes pour l'organisation d'activités de formation théorique et pratique.
La clé du succès de cette opération: une organisation à toute épreuve, mettant à
contribution toutes les compétences
dont nous disposons. Il faut du personnel d’encadrement hautement qualifié,
trié sur le volet et surtout très motivé et bien entraîné. Ce personnel
comptera pour moins de 10% de la population d’un chantier et participera
évidemment aux travaux sur le terrain.
Du personnel dans une variété de secteurs: des contremaîtres
forestiers d’expérience, de bons cuisiniers, des enseignants dans divers
domaines, des organisateurs de loisirs divers: sports, concerts, récitals,
théâtre, ateliers de peinture, de sculpture, etc., etc.. On devrait également
mettre à contribution des prêtres, des pasteurs et des psychologues sur une
base volontaire.
Mettre à contribution les militaires québécois pour
l’organisation matérielle des chantiers (baraquements, tentes, groupes
électrogènes, etc.), l’organisation d’un bon entraînement physique: enfin une
armée pourra servir à un objectif civil valorisant ().
Une fraction du temps devrait être consacrée à un entraînement militaire de
base pour tous.
Organiser des tournées permanentes d’artistes dans les
chantiers, des tournées de conférences par toutes sortes de spécialistes du
monde de l'enseignement, de l'industrie, etc.
Organiser des projections de bons films choisis parmi les
meilleurs surtout québécois, français,
européens, dans un répertoire essentiellement non violent (nos écrans sont
saturés de films américains, le plus souvent très violents).
4- CONCLUSION
On a présenté
ici les grandes lignes d'un projet qui pourrait permettre d'atteindre simultanément plusieurs objectifs sociaux et
économiques, un projet permettant à un nombre considérable de Québécois de retrouver l'espoir, le goût et la
volonté de faire des choses valorisantes au plan personnel, tout en
investissant massivement dans la culture de la forêt, notre grande ressource
renouvelable.
Il s'agit bien
sûr d'une ébauche et il faudrait évidemment développer ce projet et en étudier
toutes les implications. Il faut espérer qu'il suscite suffisamment d'intérêt
pour qu'il soit rapidement étudié à son mérite.
-o-o-o-o-o-o-o-
-o-o-o-o-o-o-o-